Callochromis pleurospilus (Boulenger, 1906)

Callochromis pleurospilus (Boulenger, 1906)

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Expérience aquariophile

Article paru dans la RFC n°170

Auteur: Patrick Louette : AFC 822/78

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Introduction:

    Voilà plusieurs années que je m’intéresse aux cichlidés sabulicoles.

    Cela a commencé par les Enantiopus (maintenant Xenotilapia*) puis les Xenotilapia et enfin les Callochromis.

   Quand je me suis procuré le livre “Tanganyika Cichlids” de Ad Konings, je suis resté en extase devant les photos de Callochromis pleurospilus. J’ai donc essayé de trouver ce superbe poisson mais mes recherches n’aboutirent à rien. J’ai du attendre longtemps avant d’en dénicher six jeunes de 4 cm qui furent placés dans un bac déjà occupé par six Julidochromis regani “Kipili” de 6 cm.

Groupe de Callochromis pleurospilus.

Description:

   C. pleurospilus présente différentes formes géographiques, sa répartition dans le lac est étendue comme en témoigne la liste la liste des exemplaires récoltés par M. Poll (1956). Il occupe la zone sableuse peu profonde.

   Mes poissons proviennent de la côte (Zaïroise) Congolaise du lac Tanganyika.

   C’est un émerveillement couleur pastel: lèvres bleues, tête argentée avec reflets bleus,  les yeux sont traversés par une barre noire; les nageoires (sauf la dorsale) sont rose clair; les ouïes sont vertes, la gorge orange; le corps est beige clair et coloré par endroits, sa partie supérieure est pailletée de bleu et une bande orange le traverse en son milieu ; le ventre est vert avec une tache noire de forme elliptique. La nageoire dorsale est marbrée de rose clair avec quatre taches et une ligne rouge carmin. Calolochromis pleurospilus.
©Paolo Salvagiani

   Les femelles sont gris argenté avec quelques reflets bleus.

   Si vous avez la chance d’avoir un rayon de soleil éclairant le bac au moment où vos Callochromis se chamaillent ou paradent, vous pourrez alors pleinement apprécier la beauté de leurs couleurs. La tête est assez pointue, lui permettant de l’enfouir dans le substrat pour se nourrir, à la manière des Xenotilapia et des Lethrinops. La taille est de dix centimètres.


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Maintenance et reproduction:   On ne le dira jamais assez, l’acclimatation joue un grand rôle. Ainsi, pour éviter un brusque changement d’eau à leur arrivée, ils furent placés dans un bac de 10 litres alimenté par un goutte à goutte pendant environ deux heures. Ils furent également plongés dans l’obscurité pour qu’ils retrouvent leur calme.   Les deux espèces de Callochromis que j’ai faites se reproduire se sont toujours montrées assez sensibles à la température de l’eau. J’ai ainsi constaté par plusieurs expériences qu’il était préférable de ne pas dépasser 26°C.   Au-delà, cela entraîne un essoufflement, une nage saccadée et des “surplaces”. Je me suis fixé la limite de 25°C., ce qui me laisse une petite marge en cas de problème de thermostat.   Pour la reproduction, j’ai opté pour des bacs ayant une grande surface au sol, par rapport à la hauteur d’eau.    Le bac a donc les dimensions suivantes: L= 145, l= 50, H= 35cm. Il est équipé d’un bac à décantation  garni de mousse bleue puis de perlon.   Deux pompes de 600 l/heure et 300 l/heure expulsent l’eau dans une gouttière (60X12X10) garnie de perlon.

   Le fond est garni de sable de silice fin.

   Les rares analyses d’eau que j’effectue donnent les résultats suivants: pH 7,6 ; le reste n’est pas mesuré.

   Pendant longtemps je me suis soucié de mettre des sels pour augmenter  le pH puis je me suis rendu compte que cela marchait très bien sans eux pour certaines espèces car il est préférable un pH alcalin mais stable.

   Je n’utilise plus de diffuseur mais, par contre, j’emploie un Oxydator.

   Avec des changements d’eau réguliers tout se passe très bien. Pour un meilleur équilibre de l’eau j’ai mis ce bac en communication avec un autre bac de 300 litres, le second étant équipé d’un trop plein.

   Quand les couleurs des mâles commencèrent à apparaître, le caractère des C. pleurospilus s’affirma également.     J’ai placé au milieu du bac deux gros rochers espacés de 50 cm de façon à ce qu’ils puissent établir des territoires d’une taille raisonnable. #########
Callochromis pleurospilus de Kigoma (mâle).

   Les Callochromis ont souvent un caractère belliqueux envers leurs congénères. Les combats et les intimidations ne manquent pas, il s’agit surtout de prises de bouche et le dominé ne tarde pas à se retrouver dans un coin du bac, couvert de taches et quelques écailles arrachées.

   Un mois après leur introduction dans le bac, la première ponte avait lieu.

   Le mâle creuse des cratères d’une dizaine de centimètres de diamètre dans lesquels il essaie d’attirer la femelle passant à proximité.

   La première femelle qui se décida à pondre était tellement petite que je n’en croyais pas mes yeux. Malgré ses quatre centimètres, elle avait la gorge distendue, énorme par rapport à la taille de son corps. M’étant absenté pendant quinze jours, je constatai à mon retour qu’elle incubait toujours et que les alevins étaient bien visibles dans sa bouche. Elle fut donc pêchée et placée dans un bac flottant. Le lendemain sa bouche et le bac étaient vides!
Évasion?
Pas sûr car le bac est haut et les mailles fines.
Cannibalisme?
J’en doute car après plusieurs expériences j’ai conclu que les adultes ne touchent pas aux alevins. Cette disparition reste un mystère.

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Callochromis pleurospilus de Zambie.
   Pour un bon rétablissement, j’ai laissé la mère dans le bac flottant, bien nourrie elle fût relâchée quelques jours plus tard mais mourut au bout d’une semaine…    Je dus patienter près de deux mois avant qu’une autre femelle ne se décide à pondre.    Entre temps deux mâles se sont faits tuer par le dominant de la bande!

   J’attendais avec impatience la fin de l’incubation et, enfin, au moment de la pêche elle lâcha six petits d’à peine huit millimètres dans l’épuisette. Transférés immédiatement dans un petit bac flottant, ils furent nourris d’un nuage de nauplius d’Artemia salina fraîchement éclos.

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   Lors de la pêche de la femelle il convient d’être très attentif car celle-ci, étant apeurée, s’enfonce violemment dans le substrat en expulsant ses jeunes qui peuvent être “cassés en deux” sous la violence du choc. C’est leur moyen de camouflage au moindre coup d’épuisette ou quand on plonge la main dans le bac. Il m’est arrivé de laisser volontairement la femelle dans le bac à la fin de l’incubation afin d’étudier son comportement après l’expulsion des jeunes.

   Il semble qu’une fois lâchés, les alevins ne sont plus repris en bouche et la femelle se désintéresse d’eux, si bien qu’au bout de deux jours, aucun alevin ne survit, dévorés par les Julidochromis ou aspirés dans le filtre.

Callochromis pleurospilus vit en banc.

Conclusion:    Nul doute que Callochromis pleurospilus trouvera une place de choix dans les bacs des amateurs de cichlidés sabulicoles du Tanganyika.
Offrez lui une place bien tranquille, du sable fin et un peu de soleil, il saura vous récompenser ! #########

Callochromis pleurospilus (en bac de vente).

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie:
-Konings Ad. Verduijn Cichlids & lake fish movies.
-Le grand livre des Cichlidés. Ad Koning (éditeur). 1993. Cichlid press
-M. Poll : Exploration hydrobiologique du lac Tanganika (1946-1947)Vol. III, fasc. 5 B. / poissons cichlidae / institut royal des sciences naturelles de Belgique / Bruxelles 1956

Documents:

Andreas Werth (https://www.aquaristik-archiv.de), Cichlidpress.

Remerciement à Andreas Werth pour son autorisation, et pour sa splendide passion!

 

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