Des cichlidés du lac Tanganyika pour aquariums de petites et moyennes contenances.

Des cichlidés du lac Tanganyika pour aquariums de petites et moyennes contenances.

Altolamprologus sp. compressiceps "shell".

Altolamprologus sp. compressiceps “shell”.

   L’idée de cet article vient de questions récurrentes posées par les nouveaux venus dans le monde étrange et fascinant, des Cichlidés en général, et ceux du Tanganyika en particulier. 100/120/150/200 litres étant considérés comme de petits volumes de base, nous laisserons là les volumes inférieurs considérés plus comme des bacs hôpitaux, ou à peine utilisables pour la maintenance d’alevins “premier âge”. La qualité de l’eau doit s’approcher des paramètres moyens suivants: Nitrates (No3) 0 ; pH 8.2 à 9 ;  15°dGH. Généralement les Lamprologiens n’apprécient pas le chlore et l’eau de conduite peut être toxique (plus ou moins selon les périodes de l’année) le taux de ce gaz contenu étant parfois fort haut ! Il ne faut pas hésiter à avoir une cuve (neutre, de contenance en rapport avec les changements à entreprendre) pour y faire décanter l’eau avant utilisation, pour les changements.

Passons aux espèces possibles.

   Pour faire vivre des poissons dans de bonnes conditions, il faut commencer par penser espace, puis refuges et nombre d’individus.Voyons un rapide aperçu des espèces les plus petites du lac Tanganyika, et une base de leurs besoins:

   Altolamprologus sp. compressiceps “shell” :
Petite (“espèce”) variété vivant dans des zones rocheuses et avec coquilles de mollusques plus ou moins éparses. Apparemment il y aurait beaucoup de populations autour du lac, à ce jour au moins 4 variétés différentes seraient connues (Sumbu, Nandu, Mbiti, Kabwe). Ressemblant à son grand “cousin” Altolamprologus compressiceps, il a évolué vers la prédation de petits invertébrés et de tout petits alevins. Il est idéal pour ces petits volumes en n’oubliant pas que les mâles sont plutôt pétricoles, étant trop volumineux pour intégrer une coquille quelconque. Ils vivent très bien en couple, et dès la nage libre, les jeunes deviennent des proies rêvées pour leur père…

 

   Les Neolamprologus quant à eux, sont le genre ayant généré le plus d’espèces et de variétés adaptées à la niche écologique des lits de coquilles de Neothauma et, les secteurs de coquilles éparses. Ces petites espèces nous intéressent par la taille relativement restreinte de leur territoire.

   Le record de petitesse des Cichlidés se rencontre ici.

Le Lamprologus multifasciatus avec ses 2,5 centimètres pour les femelles, vit donc en colonies, et la maintenance d’un couple seul n’a aucune raison d’être. Il faut trouver un groupe (une souche), quitte à les acheter à différents endroits/personnes pour éviter (comme toujours) le risque de consanguinité et de dégénérescences…

Chez les conchylicoles “isolés”, les N. brevis sont aussi très petits, et une coquille (en général) pour un couple est suffisante, il faut juste s’assurer que la taille de celle-ci est adaptée à l’introduction des deux spécimens dans la spirale, la femelle entrant toujours la première en cas de danger. Pour certaines variétés, le mâle est un peu plus grand et un petit amas de pierres à proximité est nécessaire.   Il existe des espèces qui, en aquarium, se reproduiront volontiers dans les coquilles, sans être purement conchylicoles. Il s’agit par exemple de N.  caudopunctatus. Dans son milieu naturel il creuse généralement sous des pierres, un site de ponte abrité. En aquarium, la possibilité ne lui est pas toujours offerte et donc le repli vers un “bourgogne” lui plait bien, mais également un petit pot de fleurs dont le trou du fond est légèrement agrandi pour leur permettre le passage, la grande ouverture “plantée” dans le substrat, devient un “nid” parfait. Idem pour certains Telmatochromis -non conchylicoles- citons T. brichardi, T. vittatus, T. temporalisTout étant affaire d’aménagement du bac et des enrochements, des tâtonnements étant nécessaires pour parvenir à l’optimum (“l’expérimentation” devient la base de la réussite).   D’autres petits Lamprologues peuvent être maintenus dans de petits bacs, mais ils demandent un peu plus de vigilance quant à leur territorialité, citons les L. ocellatus, le mâle a un harem, et les femelles peuvent être impossibles à maintenir à plusieurs si une distance d’au minimum 50 centimètres ne sépare pas leur coquille respectives. Dans ce genre on peut également trouver, mais plus rarement dans le commerce, L. stappersi, L. speciosus.   D’autres cousins de ces espèces sont inféodés aux zones vaso-sédimentaires où il creusent de petites galeries faisant office d’abris, L. signatusN. kungweensis, L. laparogramma, pour citer les plus connus. À propos de L. laparogramma, il pourrait s’agir d’une variante géographique de l’espèce L. signatus. En aquarium, ils sont tout même capables d’utiliser les coquilles de mollusques mises à leur disposition, un petit truc pratiqué par certains est d’enfoncer des tronçons de tubes de PVC dans le substrat.


Ces petites espèces auront tôt fait de se les approprier comme refuges en enlevant le sable qui s’y est immiscé… Recréant ainsi ce semblant de galerie qu’ils aiment tant, plantés le plus verticalement possible dans le sable, ils devront atteindre une longueur d’environ 12 à 15 cm. Certaines de ces espèces vivent en harem et les mâles surveillent un territoire dans lequel sont inclus les territoires de femelles matures, celles-ci ne se supportent que très difficilement, et des surfaces maximum sont adaptées pour la maintenance de plusieurs spécimens, le risque étant (comme souvent) l’éradication des individus surnuméraires par la dominante !

Il ne faut donc pas faire n’importe quoi, n’importe comment, car ce n’est pas parce qu’il sont petits qu’ils ne sont pas agressifs et même la main de l’aquariophile peut être victime “d’agressions”… Par exemple pour Lamprologus ocellatus une façade minimum d’un mètre , un mètre cinquante peut s’avérer nécessaire pour deux femelles et un mâle, en faisant en sorte que la coquille de celui-ci soit au centre et celles des femelles aux extrémités du bac créant ainsi une zone tampon entre les deux. Afin de faciliter l’établissement des territoires respectifs, il suffit d’introduire le mâle d’abord et une seule coquille, puis une femelle et une autre coquille sur un côté, ainsi fait il ne reste plus qu’à acclimater la dernière avec sa coquille et ainsi de suite le tour est joué (je sais c’est tout de même un peu compliqué)…

   Les Julidochromis ont aussi leurs petites espèces J. ornatus et J. transcriptus, qui n’atteignent généralement pas les 10 centimètres et peuvent être maintenus dans des bacs moyens.Moyens car leur virulence territoriale n’est pas à négliger, leur méthode d’écaillage des dominés par les dominants étant mortelle. Il y a quelques trucs qui peuvent aider à la maintenance d’adultes sans trop de risques…

Débuter avec un groupe de juvéniles (si possible de plusieurs provenances aquariophiles, pour limiter la consanguinité, et cela est valable pour toutes les espèces bien sûr…).

   Les Julidochromis sont de charmants parents et leur progéniture n’a pas grand chose à craindre en aquarium. Ils vivent au contact direct des roches

– Eric Genevelle en a fait l’expérience dans le lac Tanganyika sur une photographie prise au flash, lors du développement un Julidochromis est apparu, caché sous un surplomb, dans l’ombre –

Prévoyez donc un maximum de failles verticales, horizontales, dans tous les sens cela marche, et les pontes sont possibles dans tous les angles, pourvu qu’il n’y ait qu’eux qui puissent y accéder. Leurs œufs sont adhésifs il n’y a donc aucun risque qu’ils roulent, et les alevins possédant une glande céphalique secrétant un produit visqueux, c’est idem.

   Voici rapidement passés en revue, les cichlidés du lac Tanganyika qu’il est possible de maintenir dans les petits volumes cités plus haut.Vouloir leur offrir des espaces plus restreints relève (à mon avis) d’un certain manque de respect vis à vis de leurs conditions de vie naturelles, et du désir de leur rendre ce qu’ils nous offrent malgré eux …

 

 

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