Julidochromis sp. Korosha.

Julidochromis sp. Korosha.

Julidochromis sp. Korosha
Auteur  : Laurent PICOT

AFC : 1634.50

Article paru dans la RFC n° 277 de mars 2008.

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Julidochromis sp. Korosha, document Steve Aeschbacher.
Julidochromis sp. Korosha, document Steve Aeschbacher.

 

      Les cinq espèces décrites de Julidochromis sont endémiques du lac Tanganyika. Ce genre a été décrit par Boulenger en 1898 et fait référence à une similitude morphologique aux Julidinés, une sous-famille de Labridés. Il existe trois petites espèces à savoir Julidochromis ornatus, J. transcriptus, J. dickfeldi et deux grandes espèces avec Julidochromis regani et J. marlieri. Ce genre est rencontré à faible profondeur dans les habitats rocheux avec J. transcriptus, J. dickfeldi et J. Julidochromis sp. Korosha, individus maintenus en aquarium.marlieri et dans les habitats intermédiaires (rochers et sédiments) avec J. ornatus et J. regani (Konings 1998).

Mes Julidochromis sp. Korosha ont été pêchés par Heinz Büscher en République démocratique du Congo. Korosha se situe près d’une localité plus connue, celle de Kapampa. Ils ont été récoltés à 3 mètres de profondeur, mais ils sont présents à des profondeurs plus importantes. L’habitat est rocheux, composé de grands rochers de plus d’un mètre. Ils sont alors très difficiles à capturer au filet car ils profitent du moindre interstice pour se cacher et se dérober à la pêche. Ils sont plus faciles à capturer dans les éboulis secondaires où les galets mesurent de 30 à 60 cm de diamètre. Il est alors très facile d’entourer les galets du filet pour capturer ces jolis poissons (Heinz Büscher, com. pers.).Cette espèce, Julidochromis sp. Korosha, a été laissée en nomenclature ouverte. Il est appelé par certaines personnes l’ornatus de Kapampa. Cependant, cette détermination est douteuse. Bien que la robe de ce Julidochromis présente des similitudes avec celle de l’espèce ornatus, les jeunes alevins présentent les barres verticales caractéristiques de l’espèce transcriptus. De plus, Julidochromis sp. Korosha vit dans l’habitat rocheux, correspondant plutôt à celui de transcriptus qu’ornatus d’après Konings 1988. C’est pour cela que je ne me mouillerai pas dans l’attribution spécifique de ce poisson, la taxinomie des Julidochromis étant à mon avis très complexe.

 

Description:Julidochromis sp. Korosha, couple en aquarium.

      Il n’existe pas de différences morphologiques flagrantes entre mâle et femelle, si ce n’est la taille des mâles qui est un peu plus grande que celle des femelles chez les poissons que j’héberge. Chez mes deux couples reproducteurs, les mâles font 7 cm alors que les femelles ne mesurent que 5 cm. Comme chez tous les Julidochromis, la papille génitale du mâle est assez prononcée, ce qui permet de sexer les mâles sans procéder au rituel de la retournette.
Le corps de Julidochromis sp. Korosha est élancé, la tête montrant une forme conique assez caractéristique. Les flancs présentent trois barres horizontales noires. Celle du dessus se situe à la base de la nageoire dorsale et s’arrête à son extrémité postérieure. La seconde barre passe par la partie supérieure de l’œil et se prolonge jusqu’au pédoncule caudal. La troisième, médiante au corps, s’étend de la lèvre supérieure de la bouche jusqu’au pédoncule caudal, en passant par la partie inférieure de l’œil. Il existe chez certains individus quelques tâches mélaniques qui permettent aux barres de se rejoindre et une tâche noire est également présente sur le pédoncule caudal. La base du corps est d’un jaune éclatant. Les nageoires sont jaunes et bordées de noir et de bleu, soulignant la grande beauté de ce poisson.

Maintenance:

       J’ai acquis six jeunes auprès de Heinz Büscher. Ils ont été placés dans un 300 litres avec des Neolamprologus ornatipinnis de Zambie et de jeunes Julidochromis sp. KoroshaNeolamprologus caudopunctatus de Kalo (République démocratique du Congo). Le premier couple s’est formé très rapidement et, malgré la présence de nombreuses pierres et cachettes, les autres individus étaient obligés de se réfugier à la verticale dans les angles de l’aquarium. Le plus petit fut même tué par le jeune couple ! J’ai décidé de transvaser ce couple dans un 200 litres en compagnie de jeunes Neolamprologus ocellatus de Zambie. Dans le 300 litres, un deuxième couple se forma, mettant à mal le dernier célibataire. Ce deuxième couple fut placé dans un aquarium de 500 litres avec des Cyprichromis leptosoma Ulwile, des Ectodus descampsii juvéniles et de jeunes Altolamprologus calvus Congo.
Il est intéressant de noter que ces Julidochromis cohabitaient sans problème dans un aquarium de 100 litres en compagnie d’autres congénères chez Heinz Büscher. Cela démontre l’existence de structure coloniale chez cette espèce où seul un couple alpha se reproduit, épaulé par des aides issus des pontes précédentes (Picot, 2006). Cette structure hiérarchique vit paisiblement. Dès que les aides sont retirés de la structure coloniale et mis ensemble, les couples se forment et toute concurrence intraspécifique est alors éliminée (en tout cas, dans nos bacs aux volumes restreints).       Le couple placé dans l’aquarium de 200 litres a choisi un territoire composé d’une dalle calcaire appuyée contre la vitre du fond. Ils creusèrent une petite cavité à la base de la dalle et ont pondu au plafond de cette petite « grotte ». Ils ont un territoire horizontal. Le couple placé dans l’aquarium de 500 litres s’octroya un territoire vertical dans le décor en résine. Ils ont pondu dans une petite anfractuosité de ce décor.

Reproduction:

Julidochromis de Korosha.      Le couple de l’aquarium de 200 litres a pondu ses œufs au plafond de leur petite cavité. Il pond environ toutes les trois semaines. D’après Pourriot (1985), chez les Julidochromis, les œufs éclosent au bout de deux à trois jours après la ponte. Les larves se tiennent au plafond, accrochés par six glandes à mucus situées sur la tête et se tiennent ainsi 5 à 6 jours jusqu’à la résorption complète du vitellus. Les jeunes apparaissent aux abords du nid sous bonne garde des parents. En plus des trois barres noires horizontales, ils présentent 4 à 5 barres noires verticales qui disparaissent au fur et à mesure de la croissance. Cette croissance des alevins est relativement lente, cependant, plusieurs générations successives peuvent être élevées dans le même aquarium tant que le couple alpha est en place.Le couple placé dans le 500 litres défend un territoire vertical composé du décor en résine parsemé d’anfractuosités. La défense des jeunes est beaucoup plus problématique en raison de la présence des Altolamprologus qui n’hésitent pas à faire quelques attaques foudroyantes sur les alevins. Ce couple est d’ailleurs beaucoup plus agressif que celui du 200 litres.Dans la nature, il existe d’autres types de système de reproduction chez les Julidochromis. Genre majoritairement monogame, d’après Awata et al. (2005 et 2006), il existe des cas de polygamie, où un mâle de grande taille se reproduit avec plusieurs femelles et des femelles qui se reproduisent avec plusieurs mâles sur plusieurs territoires (polyandrie). Mes Julidochromis sp. Korosha sont (pour l’instant) monogames.

 

Julidochromis sp. Korosha, mâle dans un aquarium.Conclusion:

       Julidochromis sp. Korosha est une espèce facile, belle et prolifique. Cette espèce gratifiante doit être diffusée le plus possible car elle provient d’une zone géographique dangereuse et agitée d’où aucune exportation n’a été effectuée depuis de nombreuses années. Il est nécessaire de sauvegarder cette souche et de la diffuser au plus grand nombre.

 
 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie:

Awata S., Munehara H. & Kohda M. (2005) : Social system and reproduction in a cooperatively breeding cichlid fish (Julidochromis ornatus) in Lake Tanganyika: field observations and parentage analyses. Behaviour Ecological Sociobiology, 58, 506-516

Awata S., Takeuchi H. & Kohda M. (2006) : The effect of body size on mating system and parental roles in a biparental cichlid fish (Julidochromis transcriptus) : a preliminary laboratory experiment. Journal of Ethology, 24, 125-132

Konings A. (1998) : Les Cichlidés du Tanganyika dans leur milieu naturel. Cichlid Press, 272 p.

Picot L. (2006): Quels sont les intérêts de vivre en groupe ? Une réponse avec l’éthologie de Neolamprologus pulcher espèce coloniale du lac Tanganyika. L’An Cichlidé, N°6, 53-58

Pourriot R. (1985) : Julidochromis ornatus Boulenger. Supplément à la Revue française d’Aquariologie, fiche n°301, 4/85.

 

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