Telmatochromis bifrenatus

Telmatochromis bifrenatus

 Myers, 1936

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>>>Descriptions du genre Telmatochromis<<<

     Le genre Telmatochromis comprend maintenant 7 espèces décrites, ainsi qu’une non décrite (connues).

* Telmatochromis brichardi Louisy 1989 Telmatochromis brichardi, photographies.
* Telmatochromis brachygnatus
* Telmatochromis brichardi
* Telmatochromis burgeoni (sp. “shell)
* Telmatochromis dhonti
* Telmatochromis temporalis
* Telmatochromis vittatus
* Telmatochromis sp. “Congo”  
Dans ce genre trois types de morphologies se rencontrent : – Les gris et + ou – trapus tel que T. dhonti, T. temporalis et T. burgeoni cette dernière espèce restant petite et affectionnant les lits de coquilles de Neothauma.
– Les élancés à bandes tel que T. bifrenatus, brichardi, vittatus et sp. congo.
– Et un intermédiaire pourrait-on dire, T. brachygnatus.

Telmatochromis bifreantus in situ.

Telmatochromis bifrenatus dans le milieu naturel (environs de Pemba R.D.Congo – auteur Y. Fermon)

Brève Histoire de l’arrivée en France de cette espèce.Telmatochromis bifrenatus est une espèce très intéressante, mais fort rare dans nos aquariums. Ceux dont il est question ici nous sont parvenus du lac Tanganyika grâce Yves Fermon qui était en mission dans le nord Congo, pour une ONG ; Action Contre la Faim : 2007| mission au Congo pour ACF-USA  (AAH ).

Action Contre la Faim | Action Against Hunger

Tout d’abord un couple est arrivé à bon port, nous les avons acclimatés durant 3 semaines en bac hôpital, ils étaient avec d’autres poissons qui nous étaient parvenus de la même région (diverses localités entre Uvira et la baie de Burton). Par la suite nous les avons introduit dans un 450 l avec un couple de Neolamprologus brevis, choix qui faillit être fatal à la femelle. En effet, celle-ci ayant le ventre rond, elle commença à chercher un site de ponte et son instinct la guidait vers les coquilles éparses du bac… C’était sans compter sur les N. brevis qui commencèrent à la chasser sans ménagement dès qu’elle s’approchait d’une coquille (même si elle était inoccupée!), ne pensant pas qu’elle courrait un danger quelconque (elle était quand même de taille raisonnable), nous l’avons laissée ainsi. Au bout de quelques jours, un matin, je constatais avec horreur qu’elle avait l’abdomen percé et que l’intestin sortait par le trou…

À ce moment là nous ne donnions plus cher de sa peau, elle arrêta de s’alimenter, commença à bien maigrir (nous avions tout de même aménagé un petit bac pour la recevoir seule). Au bout de quelques temps nous avons constatés que le trou semblait se refermer, un morceau d’intestin continuant à ressortir par là… La nature est vraiment bien faite, et en quelques jours elle recommença (légèrement) à s’alimenter, et les selles sortaient par un trou qui était formé dans l’intestin, plus rien ne passait par l’anus. Petit à petit l’intestin regagna la cavité abdominale, les excréments sortant toujours par le trou de l’abdomen, puis doucement tout se cicatrisa et repris sa place normale ! Elle pondit deux fois coup sur coup (environ une centaine de jeunes furent récupérés et élevés), puis disparue sans laisser de traces. Quelques temps plus tard c’est le mâle qui mourut accidentellement.

Telmatochromis bifrenatus, male sauvage en aquarium.

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Un autre mâle nous étant parvenus quelques semaines plus tard, cela nous a permis de créer un groupe à partir des jeunes F1 et de ce gros mâle. Ils sont actuellement une petite dizaine dans un 600 litres, le gros mâle (mais qui est un spécimen jeune), commence à parader devant les petites femelles et à chasser les petits mâles, nul doute que les pontes en tarderont pas.

 

Telmatochromis bifrenatus, male sauvage en aquarium.

      Nous allons maintenant rappeler les différences notables entre les différents Telmatochromis “élancés à bande(s)”. Durant de nombreuses années, il a été commercialisé une espèce non décrite, sous le nom de “Telmatochromis bifrenatus“, plus tard cette espèce a été décrite par Patrick Louisy, il s’agit de T. brichardi qui est assez commun actuellement, mais qui est encore appelé T. bifrenatus dans les animaleries qui n’ont pas encore changer le taxon. En général ces poissons proviennent d’élevages des Pays de l’est, et en particulier de République Tchèque.  

Il faut tout d’abord se rappeler que ces poissons ont des bandes horizontales (à l’inverse des barres qui elles sont verticales), différencions donc les deux plus semblables au niveau de la livrée, c’est à dire Telmatochromis vittatus et Telmatochromis brichardi. Ces deux espèces possèdent une seule bande sur le corps (le liseré à la base de la nageoire dorsale n’étant pas considéré comme tel).

1- Mandibule prognathe chez T. brichardi et rétrognathe chez T. vittatus, ce qui lui donne un museau plus arrondis.

2 – Oeil plus grand proportionnellement chez T. brichardi

Telmatochromis bifrenatus possédant une bande supplémentaire entre la bande longitudinale et la nageoire dorsale.

Dimorphisme :

Telmatochromis bifrenatus est une espèce dont les deux sexes sont assez différenciables, tout d’abord la taille est très nettement supérieure chez le mâle qui atteint le double de la femelle, celle-ci ayant des pelviennes proportionnellement plus longues que le mâle, et une allure plus mince.

Maintenance de Telmatochromis bifrenatus en aquarium :

Telmatochromis bifrenatus, jeune male en aquarium.

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L’espèce semble plus solitaire que les autres Telmatochromis élancés, il nous a été rapporté que les gros spécimens sont rencontrés de manière isolée dans le milieu, alors que les individus plus petits se rencontrent sous forme de groupes de quelques individus (3 à 4), s’agit-il de femelles, de juvéniles ? Tout d’abord, le mâle est très virulent avec les femelles non gravides, qu’ils chassent sans ménagements, ce qui pourrait expliquer qu’ils sont observé seuls, il faut également souligné qu’ils “séquestrent” les femelles dans leur coquilles (employons le terme de site de ponte), encore une raison qui peut expliquer l’impression d’individus isolés. Il faut donc leur aménager beaucoup de failles, cavités, et leur fournir quelques coquilles afin d’avoir une bonne diversité de substrats et de cachettes possibles.  

Les femelles entre elles sont aussi très agressives, et les petites sont chassées par les plus grosses, selon les conditions de maintenance (petit ou gros volume), il faut être vigilent pour éviter qu’un poisson ne soit tué par défaut de refuges. Il est possible que cette agressivité diminue avec des poissons F1 ou plus, et que la maintenance en soit facilitée, mais cela reste à vérifier. Le mieux est donc de disposer des roches plus ou moins grosses en amoncellement, les failles et dédales ainsi créés permettent aux petits individus de s’y cacher. Des tuyaux, des pots en terre cuite, des briques alvéolées peuvent aider à créer un “vrai” habitat, l’optimal restant tout de même la pierre.

Telmatochromis bifrenatus est peu regardant sur ses colocataire et son humeur interspécifique est relativement flegmatique, dans les conditions offertes avec les N. brevis, ils n’hésitaient pas à répondre aux parades et attaques de ces derniers, leur maintenance avec des ectodini dans le 600 litres est très tranquille et comme personne ne les fait sortir de leurs gonds, tout vas pour le mieux dans le meilleur de l’onde.

Nous ne saurions trop vous recommander la maintenance de toutes ces espèces dites “petites” dans de grands volumes, les comportements y sont beaucoup plus intéressants à observer que dans un 100 litres, l’espace utilisé alors étant bien plus grand, les poissons accèdent à des activités bien plus proche du naturel. Pour T. bifrenatus ne mettre qu’un couple dans un petit volume revient à faire un couple pondeur dans une batterie, à l’image des poules destinées à notre consommation (sauf pour ceux qui ont la chance d’avoir une ferme à proximité), tout ceci est valable pour n’importe quel poisson que nous maintenons d’ailleurs… En observant le groupe maintenu dans le 600 litres, on se rend compte, une fois de plus, que les interactions entre les individus sont remarquables, parades, regroupements avec “danse” entre les individus, chasse, frétillements, arrêts complet avec battements légers des pectorales puis déplacement en translation et ainsi de suite…

Telmatochromis bifrenatus, jeunes mâles se jaugeants.

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Jeunes mâles se jaugeant. ->

On notera que Telmatochromis bifrenatus semble (comme d’autres cichlidés du lac) ne pas voir les autres espèces, et leur absence d’agressivité interspécifique doit être problématique si ont les maintient avec certains genre virulents. N’oublions pas de rester vigilant lors d’une nouvelle cohabitation, et si il y a le moindre tracas, ne pas hésiter à séparer les protagonistes.

Parlons un peu de son régime alimentaire, toutes les espèces de Telmatochromis élancés que nous avons eu à maintenir, avait beaucoup d’attirance pour les algues filamenteuse ou en pinceaux qui peuvent pousser dans nos bacs. T. sp. Congo, T. brichardi pouvant littéralement brouter la roche, T. vittatus semble moins enclin à ce comportement, T. bifrenatus y est parfaitement étranger. Il grappille sur le substrat et dans le sable, certainement à la recherche de petite larves et autres crustacés microscopiques…

La reproduction :

Telmatochromis bifrenatus (couple en aquarium).

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Nous avons affaire à un pondeur sur substrat caché, la base adéquate pour qu’une femelle veuille bien pondre est un lieu sûr, une excavation sous une pierre bien calée, ne reposant pas uniquement sur le sable (risque d’effondrement en écrasant le poisson).

Telmatochromis bifrenatus (femelle à l'entrée de sa coquille).

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Restant à l’entrée de son antre, elle gardera et bloquera toute tentative d’intrusion, cela s’applique aussi si elle a choisie une coquille comme site de ponte.

Telmatochromis bifrenatus (deux individus sub-adultes) se geaugant devant une coquille)

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Si plusieurs femelles convoitent le LA coquille (par exemple une coquille de Pila ovata), il y aura des conflits, des parades, des courses poursuites incessantes, parfois un morceau de nageoire sera arraché, mais rien de bien méchant si l’espace est suffisant.

Telmatochromis bifrenatus est assez prolifique, et une femelle de 5/6 cm peut pondre une cinquantaine d’oeufs de couleur crème de 1.5 mm de longueur, à raison d’une ponte par mois, nous pouvons rapidement être submergé d’alevins !

Telmatochromis bifrenatus (jeune femelle gravide).

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Les signes avant-coureurs de la fraie sont tout d’abords l’embonpoint de la femelle, en effet celle-ci enfle rapidement et la maturation des ovules commence à l’énerver, le mâle commence à faire sa cour. Comme ses cousins élancés, il “danse”, une danse singulière, faite de crochets subits, de virages serrés, de pointes de vitesse vertigineuses, frôlant la femelle, la caressant d’ondes de pression aquatiques… Elle, stoïque, semble attendre, hautaine, indifférente à tant d’excitation, mais à la fin elle succombe aux charmes déployés par le freluquet !

Les alevins atteignent la nage libre en 13/14 jours, ils sont assez petits et mesure environ 6/7 mm, sont grêles, et très difficilement discernables lorsqu’ils sont immobiles sur le substrat, leur morphologie est tout de même élancée, à l’image de l’individu adulte.

Aucune garde n’est pratiquée par les parents passé la nage libre, c’est à dire dès qu’ils sortent du site, il faut donc prendre la coquille et la mettre dans un autre bac dès qu’ils y montrent le bout du museau, sinon ils serviront de pitance à leurs parents ou aux colocataires de l’aquarium.

Ils décollent régulièrement du fond, pour saisir des particules passant au dessus de leurs têtes, ils apprécient fortement les micros-vers et leur abdomen devient blanc après les distributions. Bien nourrit ils grandissent vite, et la maturité semble atteinte vers 9 à 10 mois (au moins en ce qui concerne les femelles).

Telmatochromis bifrenatus (alevin de 4 jours).

Alevin de Telmatochromis bifrenatus après 4 jours de nage libre.

 

Telmatochromis bifrenatus (alevin de 1 mois).

Jeune Telmatochromis bifrenatus de 1 mois en aquarium.

 

Telmatochromis bifrenatus (alevin de 6 mois).

Jeunes Telmatochromis bifrenatus de 6 mois en aquarium.

 

 

Conclusion:

Espèce peu envahissante et agréable à observer, un groupe familial aura sa place dans un bac d’au minimum 300 litres (un seul mâle adulte au départ), en aménageant plusieurs amas de petits rochers (ou galets etc.), il sera possible de voir survivre des jeunes qui grandiront avec les adultes.

Remerciements:

Remercions tout particulièrement Yves Fermon qui nous a permis d’obtenir cette espèce (ainsi que quelques autres), en provenance d’une région du lac fort peu prospectée; bien que depuis, cela se soit amélioré (pour preuve quelques stock-lists de magasins européens), sans oublier le pêcheur/expéditeur (Faustin Sumane) qui, avec célérité a sauvé tous les poissons d’une mort certaine, dû à un oublis de fret sur le tarmac d’un aéroport africain.

 

 

 

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