Variabilichromis moorii
(Boulenger 1898)
Sous Lamprologus moorei
Voir le genre “Variabilichromis” qui a été défini par
J. Colombé & R. Allgayer (1985)
Auteur: Benoît
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Introduction:
Originaire d’Afrique noire, tu ne viens pas du lac Natron Noir poisson, être profond Quelle est ta quête…? Végétale…? Assouvis ta fringale Contrasté en blancs liserés… Ta silhouette pleine et découpée… Au lac Tanganyika fais nous rêver… … Cette espèce est véritablement magnifique… Une ligne dessinée par un artiste naturel dirait-on, une livrée variant du jaune orangé au noir velouté selon l’humeur et la maintenance, le tout affirmé par un fin trait blanc bleuté sur les nageoires impaires, longues pelviennes, museau pointu, dorsale et anale en fanions effilés. Qui ne s’est jamais extasié devant cette photographie faite dans le lac Tanganyika |
Maintenance: Variabilichromis moorii est territorial, et les individus des deux sexes ne vivent pas ensemble (visiblement) en période normale, ils ont donc besoin d’un espace suffisant pour avoir chacun son antre. Une façade d’un mètre cinquante est un minimum acceptable pour un couple dont la femelle mesure 13 cm et le mâle 14 cm. Deux configurations différentes du même bac seront dépeintes dans cet article… Le bac mesure donc 1.50 m de long et a une contenance de 450 litres bruts (une décantation prenant environ 10% du volume total). Dans un premier temps le couple fut acclimaté dans ce bac très populeux : un couple d’Altolamprologus calvus, un petit groupe de Telmatochromis sp. “Congo”, un couple de Neolamprologus savoryi , un groupe de Cyprichromis sp. jumbo “Kitumba”, ainsi qu’un couple de Telmatochromis sp. temporalis “shell” de Zambie. Pour couronner le tout, un couple de Mastacembelus ellipsifer, prédateur d’œufs et d’alevins spécialisé (paedophage) de moeurs nocturnes! Dans cette configuration, une difficulté se fit jour. En effet la femelle, certainement moins agressive que le mâle, ne trouva pas d’emplacement libre, et ne put se faire une place adéquate dans la pierraille constituant le décor. Elle fut donc contrainte et forcée de mener une vie recluse derrière une grande meulière, présente sur le territoire du mâle… Celui-ci la molestant au moindre mouvement hors de cette faille, elle n’avait aucun recours pour se soustraire à ses dents coniques. Sans parler des cohabitants… Là un coup de dents de N. savoryi surveillant un petit essaim de jeunes de différents âges, ici une femelle A. calvus sur sa cavité de ponte importunée et qui se rebelle, ou bien une femelle Telmatochromis sp. temporalis “shell” arrivant par en dessous et attrapant une belle et longue pelvienne en filament… Dans cet arrangement, de légères interactions se font entre les deux spécimens de l’espèce, se situant surtout au niveau de l’agression de l’un par l’autre… Les autres occupants de l’aquarium ne dérangent pas vraiment par leur présence, c’est tout juste si le mâle fait un mouvement vers un Telmatochromis un peu trop présent, ou parade devant le mâle Altolamprologus calvus, son colocataire de taille équivalente, ou face au mâle Neolamprologus savoryi. |
Sinon, une caractéristique très marquée est le volume de sable déplacé pour préparer le lieu de ponte (dans cette configuration, sur le territoire du mâle). Plusieurs kilos de sable furent déplacés de devant une pierre située à l’extrême droite du bac, vers la partie centrale, où un amoncellement conséquent occultait en partie la vue…
Après quelques temps de cette maintenance, et la séparation de certaines espèces, le comportement se transforma. Ayant chacun une place suffisante pour établir deux territoires, ils commencèrent une nouvelle vie…
Tout d’abord, les pierres du bac furent nettoyées de leurs algues en très peu de temps.
L’efficacité de Variabilichromis en matière d’arrachage et de broutage n’a rien à envier aux genres Tropheus, Petrochromis, Eretmodus, et autres Telmatochromis. Ils les aiment ces apports végétaux, ne les oublions donc pas lors de la constitution d’un régime alimentaire adéquat. Sans être exclusivement végétariens, ils peuvent ingérer sans crainte quelques mannes carnées sous forme de mysis, krill , mais en évitant les artémias qui pourraient s’avérer néfastes et totalement indigestes. Bien qu’aucun écho concernant une quelconque maladie de cette espèce ne me soit parvenu dernièrement, quelques précautions sont de mise.
Le changement de comportement s’opéra donc, et c’est surtout la femelle qui, ayant enfin une caverne à disposition, commença à creuser et à nettoyer le site. Une grosse roche avec une partie en surplomb, une bonne couche de sable, une autre grosse roche faisant abri et elle investit le lieu territorialement. Les cohabitants à cette époque furent un couple de Neolamprologus savoryi (et leur progéniture), un couple de Altolamprologus calvus et un quatuor de Paracyprichromis nigripinnis, donc des espèces de tempérament relativement peu agressif, en tout cas dans ces 450 litres.
Mâle et femelle s’approprièrent chacun près de la moitié du bac, avec une agressivité plus marquée au fur et à mesure de l’approche de “l’épicentre” du domaine. N’hésitant pas à attaquer la main du soigneur, et même à mordre si la ponte était proche ou même réalisée! Inutile de dire qu’aucun poisson ne s’aventurait dans le secteur durant cette période.
Ils grandissent rapidement, il faudra donc en séparer une grande partie promptement. Pour ceux qui ont des bacs assez spacieux, toute la ponte pourra être conservée, mais pour les autres il faudra savoir se résoudre au sacrifice d’un certain nombre, pour les voir grandir harmonieusement dans un volume relativement restreint. Leur livrée jaune de juvénile s’estompera au bout de la première année, mais dans certaines conditions de stress, ou en cas de substrat clair il pourront conserver cette pigmentation magnifique, qui n’a rien à voir avec un dimorphisme (dichromatisme). Lorsqu’ils sont adultes, la seule véritable différence notable vient des papilles génitales, en effet la femelle arbore quasiment en permanence un oviducte sacrément proéminent et dirigé vers l’avant. Pour le reste, les nageoires caudale, anale, pelviennes sont toutes effilées. Pour la taille, cette femelle était plus grande d’un centimètre, mais le mâle était mieux fourni en pelviennes qui avaient une longueur nettement supérieure à celles de sa femelle. |
Conclusion: Voilà, j’espère vous avoir fait partager un moment agréable avec Variabilichromis moorii, cette espèce mérite véritablement qu’on s’y arrête un long moment, et si je me suis séparé de ce couple, c’est uniquement par manque de place actuellement, mais j’y reviendrai! Mon secret désir : des spécimens juvéniles ou sub-adultes sauvages, car il y a bien longtemps que cette espèce n’a pas été importée, mais chose curieuse, aucun cas de “taré” n’a encore été rapporté… Croisons les doigts… Seul regret, n’avoir jamais suivi une ponte en direct… |
Documentation:
-M. Poll : Exploration hydrobiologique du lac Tanganika (1946-1947)Vol. III, fasc. 5 B. / poissons cichlidae / institut royal des sciences naturelles de Belgique / Bruxelles 1956.Remerciements: À Robert Allgayer À Éric Genevelle À Estelle.