Telmatochromis temporalis
Telmatochromis temporalis Poll, 1946
(Premier article du site – 24/09/2001)
Introduction:
Pondeur sur substrat caché.
Poisson présent partout dans le lac Tanganyika, sous différentes formes, tailles et robes (pour plus d’infos, voir l’article d’Éric Genevelle , un véritable mémoire sur un genre au charme certain…!) Les Telmatochromis.
Maintenance, reproduction de Telmatochromis temporalis:
Sa préférence pour l’habitat rocheux et le substrat caché, en fait un terrassier infatigable (en aquarium en tout cas). Disons qu’il adapte le terrain à ses besoins, en creusant des excavations sous les roches.
Taille maximale de neuf centimètres pour le mâle -la femelle mesurant un tiers de moins- assortie d’un caractère ombrageux pour ne pas dire violent: un vrai territorial !
Poisson curieux mais farouche, il n’aime pas les mouvements rapides et impromptus aux alentours de l’aquarium (comme la plupart de nos pensionnaires d’ailleurs !). Son caractère lui permet donc de résister à un N. savoryi dans la force de l’âge. Pour comparer, un Neolamprologus cylindricus d’un tiers plus grand n’a pas d’armes suffisantes pour lutter contre l’un ou l’autre, et ce malgré sa taille nettement supérieure (et peut se retrouver confiné au fin fond d’un enrochement !). Élevé dans un bac de 90 litres, le couple fut vite entouré d’un banc d’alevins de toute tailles… Plus ils sont tranquilles, plus les pontes se succèdent et plus le nombre de jeunes est grand (il ne faut donc pas oublier de les « dispatcher » régulièrement vers les bacs d’élevage, ou de mettre les géniteurs dans un bac d’ensemble contenant des « prédateurs » ! Sinon ils finiront par passer leur temps à « chasser » cette nuée, aux dépens de leur pérennisation !) Malgré tout, et dans de bonnes conditions, (si les espaces vitaux sont respectés), le comportement de T. temporalis est cool et plein de vie. La difficulté de commercialisation de cette espèce est pour moi une énigme, comme pour le Julidochromis dickfeldi, et d’autres espèces du lac… , qui n’ont, en apparence, aucune valeur esthétique, que celle de leur beauté cachée… Et pourtant il suffit de les voir dans de bonnes conditions pour se rendre compte qu’il n’en est rien et qu’ils valent tous les « bleus » du Malawi ! ! Tout ce qui brille n’est pas or… Tout ce qui ne brille pas, n’est pas plomb…
Pourquoi vouloir toujours satisfaire les sens les plus superficiels ?
… A l’opposé du silence, et des stimuli intérieurs qui sont la réalité, reflets de la sérénité, de la maturité… il y a les stimuli extérieurs, qui sont les stimuli du plaisir, de la satisfaction immédiate…
Mais tout ça c’est de la psychosociologie !…(Je m’égare ? !) Leur singularité, est qu’ils n’ont rien a envier à d’autres poissons plus brillamment colorés !!! Quelque chose de charmant chez cette espèce, c’est avant tout sa robe discrète et mimétique, composée d’ardoise et de crème, de liserés bleu opalin sur les nageoires impaires, un trait de même ton sous l’œil, des tâches à tendance rouille sur la dorsale, la caudale, et l’anale, des dents « d’arracheur » très proéminentes. Sa méthode, observée pour arracher une bouchée de Cladophora sur le substrat, est bien rodée: 1- approche, 2- préhension d’une bouchée, 3- torsion violente du corps, 4- la bouchée est avalée. Voir sa tête dépasser d’une anfractuosité est un régal, sa petite bouille dentée vraiment craquante .
Le substrat de ponte préféré de la femelle est un petit pot de fleur en argile dans lequel a été pratiquée une ouverture sur le côté, ainsi qu’une grosse coquille de Pila ovata.
La parade et la ponte (que je n’ai encore jamais observées) se déroulent, à priori, tôt le matin, au calme (à noter que la toute première ponte de ce couple s’est effectuée dans une coquille de « bourgogne », mais elle n’a pas perduré !). Le mâle étant trop gros pour entrer dans le pot, la fécondation a donc forcément lieu par l’orifice pratiqué dans le flanc de ce pot (sûrement à la manière des conchylicoles). Les œufs mesurent à peu près 1 mm. de diamètre, sont de couleur blanc crème et collés au plafond de cette grotte de fortune, leur nombre peut atteindre 50 unités et certainement plus. La sortie des alevins est assez longue et d’après quelques observations, ils sortent environ quinze jours après le frai. Les premières pontes de ce couple ont fini dans leurs estomacs, à cause de la trop grande curiosité du « propriétaire » ! Ne sachant rien ou peu de choses sur leurs mœurs, le grand chauve que je suis ne put s’empêcher de retourner le pot ! Et le lendemain plus d’oves ! …FLÛTE…de SAPERLIPOPETTE… !
Les jeunes Telmatochromis ne posent pas de problème de lancement et de croissance, des nauplius, des micro vers, et de la poudre pour alevins sont bien pris dès le début, et leur croissance est rapide, à 5 mois ils mesurent jusqu’à 2.5cm. Pour limiter leur penchant territorial, le mieux est de les élever dans un bac nu, en tout cas sans roches et autres coquilles. Les rapports de force seront moins dangereux et destructeurs, et ainsi les jeunes poussent mieux et plus vite ! Il est évident que, jamais nous n’aurons l’espace nécessaire et équivalent à celui du lac… Les anfractuosités, les dédales, et labyrinthes de ses enrochements rivulaires ! (*): se référer au glossaire.
Référence:
M. Poll : Institut Royal des sciences Naturelles de Belgique~Exploration hydrobiologique du Tanganyika (1946-1947) – volume III fascicule 5 B – poissons cichlidae (ed. 1956).
Remerciements : En particulier à Sébastien Bailleul pour ses photos !