Cyprichromis leptosoma

La variété de Isanga.
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Introduction:
Ce Cyprichromis est, à l’instar des autres Cyprichromis, un poisson à tendance grégaire, mais cela n’est pas un état permanent, et les mâles créent des leks de pleine eau (pas toutes les espèces), chacun s’octroyant un volume d’environ 1 m3 et chassant tout rival sans ménagement, chassant également les femelles non gravides. Il faut donc leur penser un volume minimum, par exemple deux mâles ne tiendront pas ensemble (deux territoires distincts) dans moins de 1,50m de façade, et encore un des deux prendra les deux tiers, et le moins fort aura le dernier tiers qu’il devra défendre farouchement. Ils n’hésitent pas à faire voler des écailles quand une phase de combat pour la suprématie intervient. Différentes phases d’un combat pour l’accessit. |
![]() Les deux protagonistes se jaugent, avant l’accrochage. Évaluant chacun la force de l’autre, ils augmentent le contraste de leur pigmentation, déploient leurs nageoires, une barre traversant l’oeil…
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Morsure du flanc. | ||
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Description, dimorphisme et dichromatisme:
Doit-on encore décrire cette espèce ? Une forme fuselée et légèrement compressée latéralement, un museau pointu, une nageoire caudale homocerque flavescente ou bien aussi azuréenne, voilà pour le mâle. Cyprichromis leptosoma de Karilani, phase “queue bleue”. La femelle quant à elle est nettement plus insignifiante, tendance grise avec quelques très légers reflets bleutés. Elle peut parfois, en vieillissant, voir apparaître une pigmentation “masculine”. Dans ce cas, la dorsale bleuit, la caudale jaunit, et les pelviennes voient leur extrémité s’éclaircir, les faisant ainsi ressembler un peu aux mâles. |
Vieille femelle “masculinisée” (en incubation).
Maintenance:
Partons d’un groupe type, c’est-à-dire deux mâles et 5 femelles adultes pour 450 litres (1,50m de façade), le but étant d’avoir des poissons qui vivent bien, dans une relative sérénité. Une zone tampon doit être aménagée pour que les femelles puissent se soustraire aux ardeurs des mâles, à l’aide d’un rideau de plantes à longues feuilles (Cryptocoryne usteriana ou Vallisneria spp.), ou d’un amas de roches.Les femelles étant généralement regroupées, 5 est un minimum pour leur éviter une trop forte dose de stress (souvent synonyme de “stérilité”). Elles subissent les assauts répétés des mâles, cependant, à certaines heures de la journée, tout est calme. Il est possible de pousser à huit le nombre de femelles, mais là il va falloir avoir de quoi élever une flopée d’alevins… Beaucoup d’espèces peuvent cohabiter avec Cyprichromis leptosoma. Cichlidé de pleine eau, il n’est pas un concurrent direct de la plupart des sabulicoles et pétricoles, ceux-ci l’acceptent donc bien volontiers. Il peut d’ailleurs en tirer profit lors des pontes de pondeurs gardant leurs alevins en “nuages”. J’ai pu en observer à plusieurs reprises se gaver littéralement des petits de N. caudopunctatus et V. moorii. Fondant tels des flèches sur le fretin, ils avaient tôt fait d’éradiquer la progéniture, sous le regard impuissant des pauvres parents… Les espèces dont les jeunes restent plus “collés” au substrat courent bien moins de risques, les Cyprichromis ne s’aventurant pas à chasser entre les roches, tous les Julidochromis ou apparentés n’ont pas grand chose à craindre. Paracyprichromis nigripinnis. Toutes les espèces de ce genre sont très proches, aussi bien morphologiquement, qu’au niveau de leur biologie, il vaut donc mieux éviter de les mélanger dans un même aquarium, le risque d’hybridation étant très/trop important. Ajoutons que les affinités avec le genre Paracyprichromis, si elles n’engendrent pas ces risques, rendent d’un pâle intérêt le fait de les mélanger. Personnellement je ne trouve pas très enthousiasmant de faire cohabiter deux espèces (ou variétés) ayant une morphologie, sinon proche, en tout cas similaire. Grand bac avec une grosse troupe de Cyprichromis leptosoma. |
Reproduction:
Incubateur buccal maternel, Cyprichromis leptosoma n’est pas une espèce qualifiée de prolifique, elle compense le peu de petits par leur taille. En effet, un oeuf de Cyprichromis fait généralement une taille de 3,5/4 mm de long, et les alevins sont crachés à une taille d’environ 8/9 mm. ce qui en fait un genre très évolué dans l’incubation buccale, tout comme les genres Tropheus, Petrochromis, Eretmodus par exemple.La synchronisation des pontes : Il est remarquable d’observer les femelles gravides, selon leur souche, elles sont toutes synchrones, prêtes à pondre en même temps. Chez nous, nous avons trois provenances différentes, et deux phases bimensuelles de ponte à 15 jours d’intervalles. Dans le milieu naturel, il est possible d’observer des bancs entiers de femelles en incubation et nageant à l’unisson jusqu’au lâcher. Il doit être synchrone afin de créer d’immenses bancs d’alevins, une bonne manière de lutter contre la prédation. La ponte: Elle a généralement lieu quand on ne s’y attend pas ! Plusieurs fois j’ai été témoin du lâcher du dernier oeuf … Mais heureusement, à force de persévérance et un peu de chance un jour, l’occasion m’a été donnée de pouvoir observer la pondaison. Le mâle commence par être excessivement excité, bien plus qu’à l’accoutumée, il chasse tous les intrus d’un périmètre qu’il juge nécessaire à la sécurité de l’acte. Puis il revient frétiller devant la femelle qui commence à le suivre sans hésitation vers le site, qui est en pleine eau pour ce Cyprichromis. Simulacres après simulacres, la ponte proprement dite approche…
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![]() Une fois libres, les alevins vont se déplacer en rangs serrés, tournant ensemble. Leur croissance est particulièrement régulière, et aucun pic de croissance n’est observé.Au bout de 6 à 7 mois les petits mâles se déclarent et certains commencent à prendre la pigmentation de leur sexe. Á un an ils sont matures. |
Fond d’écran de Cyprichromis leptosoma Isanga (1024×768).
Nourriture:
Cyprichromis est un planctophage, il accepte tout ce qui surnage entre deux eaux, et aussi les paillettes en surface. Pour enrichir son quotidien, il ne faut pas hésiter à lui donner des cyclops et daphnies vivantes, des copépodes congelés (attention à la rupture de la chaîne du froid, les poissons sont plus fragiles que les humains), de petits morceaux de crevettes décortiquées sont appréciés. |
Conclusion :
La “Girelle” du Tanganyika a de quoi séduire, la diversité des livrées rencontrées dans ce genre lui confère une place à part dans nos coeurs, et nous offre la possibilité de substituer le poisson, sans en changer…Offrons à ce nageur “au long-court” un espace de vie suffisant, par son épanouissement, il nous gratifiera de ses plus beaux camaïeux… |
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Documents et références :
Patrick Tawil, Cyprichromis et Paracyprichromis, les girelles du Tanganyika (An Cichlidé n° 6 -p. 68 à 82).
Éric Genevelle.