Ectodus descampsii
Boulenger, 1898
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Flèche d’argent parmi les flèches d’argent…
Tu croises au large du Tanganyika…
Tu portes en étendard ton ocelle noir…
Contraste de ta nitescence, il semble nous épier…
Tel un œil maléfique, il nous entraîne…
Dans les profondeurs insondables du Tanganyika…
Description / dimorphisme:
Jolie petite “sardine” du lac Tanganyika, Ectodus descampsii n’est pas dépourvu d’attraits, l’Ectodus dont il va être question est celui du sud, donc le vrai Ectodus. Un cichlidé proche nous vient du nord du lac et est régulièrement pêché au Burundi, nous l’appellerons Ectodus sp. “nord” (voir photo ci-dessous). Ce dernier est plus longiligne, l’ocelle est plus en avant dans la dorsale, qui elle même est moins haute, voici pour les caractères distinctifs très apparents. Notons que certaines femelles dominantes peuvent acquérir une pigmentation et un comportement de dominance qui pourraient faire penser qu’il s’agit d’un mâle, et ce surtout en l’absence de celui-ci. Voir la description de Ectodus descampsii par Max Poll en PDF. |
Maintenance en aquarium :
Afin d’observer au mieux cette espèce, en particulier lors des phases de pontes (élaboration d’un cratère qui servira à la ponte), on aménagera un aquarium d’un minimum de 40 à 50 cm de largeur au sol, une bonne longueur dans ce cas sera de 1.50 m. Cette espèce vit plutôt en banc, il faut donc prévoir un petit groupe minimum, 6 spécimens seront une bonne base dans 450 l. (2♂/4♀). Un mâle seul n’est pas très pigmenté, c’est pourquoi il vaut mieux en avoir au moins deux. Ceux-ci auront ainsi l’obligation de plaire le plus possible aux femelles et vous pourrez admirer leur belle livrée. L’espèce semble fragile et ce, même plusieurs mois après acclimatation, le problème étant qu’aucun symptôme n’apparaît, si ce n’est une perte d’appétit progressive, un dépérissement plus ou moins rapide, et en trois semaines à un mois et demi le poisson meurt (il est possible qu’il s’agisse d’individus âgés). Il semble que ce ne sont que les individus sauvages qui soient atteints de la sorte, il m’apparaît évident que la qualité et les paramètres de l’eau y sont pour beaucoup. En effet, dans notre région de sud Normandie, l’eau n’atteint pas un pH de 7.4 et une conductivité oscillant autour de 400 µS/cm ce qui est peu pour des poissons demandant une eau à pH plus près des 9 et une conductivité aux alentours de 600/620 µS/cm. Nous ajoutons un peu de “sels Tanga” du commerce pour remonter ces paramètres.Par contre les jeunes issus de sauvages sont tout à fait adaptés et ne subissent pas de pertes anormales. Il faut quand même surveiller tout ça de près, car il m’a déjà été donné de voir des alevins d’Ectodus qui étaient affublés d’un goitre dès leur plus jeune âge, l’eau de maintenance (sud de Paris) étant de piètre qualité pour ces poissons.La recherche de nourriture occupe une grande partie de leur temps, ils plongent volontiers le museau profondément dans le sable (un sable d’une granulométrie variable est à préférer, nous verrons plus loin pourquoi…), n’hésitant pas à se remplir la cavité buccale et à mâchonner durant de longues secondes, laissant passer les particules non comestibles par les fentes branchiales, et recrachant les gros grains de sable par la bouche.
Le mélange avec d’autres espèces de pleine eau/sabulicoles est à éviter. Les Lestradea perspicax par exemple, les dominent clairement et aucun cratère autre que celui de Lestradea ne sera visible. Aucune chance de voir une ponte dans une telle configuration, il faut donc bien choisir les colocataires qui vivront avec les Ectodus descampsii.
Choisir des espèces à tempérament calme, et peu belliqueux, de plus petites espèces… Et encore, un mâle Neolamprologus brevis du Congo* peut mettre en déroute un mâle Ectodus, par contre un spécimen de la même espèce provenant de Chimba* ne se risquera pas trop près du mâle Ectodus sur son cratère.
N’oublions pas que Ectodus descampsii est un poisson relativement peureux. Qui dit poisson peureux, dit poisson stressé, qui dit poisson stressé, dit poisson qui a une propension aux pathos, en particulier (et comme chez énormément de genres des lacs Tanganyika, Malawi et Victoria) les affections digestives. Il faut donc être vigilant et au moindre symptôme de “recrachage” de nourriture, ou d’arrêt de la nutrition, voir à traiter le poisson atteint. Si le poisson gonfle, aucun médicament ne pourra normalement le sauver, par contre s’il n’a “que” des selles blanches et filamenteuses, ou pas de selles du tout, un produit contenant du dimétridazole pourra s’avérer très efficace. Auteur Laurent Picot (Patapon). Dans les cas où l’infection est légère, le passage de l’eau aux UV durant 24 heures peut suffire à éradiquer une bonne part des parasites ce qui permet aux poissons de se défendre contre l’infection ainsi réduite. N’oublions pas un salage à 2gr/l de sel minimum, dose correspondant approximativement à la pression osmotique du corps des poissons qui, n’ayant plus à fournir cet “effort” peuvent utiliser toute leur énergie à lutter contre la maladie.
Comme plusieurs genres du lac (Lestradea, Callochromis pour citer les plus reconnus pour ce fait), Ectodus a la capacité de s’ensabler en cas de danger, il disparaît donc aux yeux du prédateur, ou autre danger, une épuisette par exemple.
À ce propos, il m’a été donné d’observer, lors des changements d’eau, les alevins “jouant” à “l’ensablage”. L’eau créant un tourbillon rapide de sable , les jeunes Ectodus venaient et plongeaient littéralement dans ce tourbillon entrant dans le sable et ressortant plus loin, revenant et replongeant et ainsi de suite… Ce manège est vraiment très rigolo à observer. |
Photo Laurent Picot (Patapon).
Reproduction en aquarium :
Cette espèce est donc incubatrice buccale comme tout ectodini qui se respecte. La ponte a lieu dans le cratère du mâle, celui-ci étant un terrassier délicat, il opte pour un ouvrage dont la granulométrie va (de l’extérieur vers l’intérieur) du plus grossier au plus impalpable substrat.Ce cratère peu profond, pas plus de 3 à 4 cm, et de 35 à 45 cm de diamètre est absolument remarquable.
Il y passe le plus clair de son temps à prendre des bouchées, filtrant par ses opercules les grains de sable les plus fins , et allant recracher les gravats sur le monticule faisant office de bordure du cercle.
Les œufs sont assez gros, env. 3 à 3.5 mm de long, de forme ovoïde, et de couleur jaunâtre. On peut considérer que l’espèce est prolifique, une femelle adulte (sauvage) donnant régulièrement des pontes de 25 à 30 alevins. Dès la sortie de la bouche maternelle, on peut se rendre compte qu’ils sont déjà les copies conformes des adultes, l’ocelle noir ceint de blanc est très visible. Ils restent groupés de façon compacte, imaginons donc les bancs de jeunes lâchés en même temps par plusieurs centaines voir milliers de femelles, frétillants, poursuivis par d’insatiables prédateurs tels Lates spp. et Bathybates spp., ainsi que des hordes sauvages de Lepidiolamprologus profundicola et elongatus. |
Conclusion :
Ectodus descampsii est donc une espèce qui peut être fragile, dominée, facilement stressée, mais de toute beauté.Si l’on veut élever des jeunes, prévoyons des bacs suffisamment spacieux, car les jeunes mâles commencent très tôt à faire des cratères et à défendre un périmètre conséquent.Si vous avez la chance et la possibilité d’en trouver, n’hésitez pas une seule seconde (si vous avez de la place pour les accueillir s’entend). |
Un grand merci à Thomas Andersen et à Laurent Picot (Patapon) pour leurs documents photographiques courtoisement prêtés.
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Description d’Ectodus descampsii d’après Max Poll en PDF