Neolamprologus savoryi
Neolamprologus savoryi (Poll 1949)
Sous Lamprologus savoryi
(Pisces, cichlidae, lamprologini)
Expérience aquariophile
Auteur: Benoît
Article paru dans la Revue Française des Cichlidophiles n°19 (Mai 1982)
(Avec les connaissances de l’époque)
Introduction:
Étymologie:
-Lamprologus: nom latin qui veut dire, brillant, éclatant.
-savoryi: en l’honneur de M. Savory, responsable du district de Kigoma-Tanzanie (ex Tanganyika).
Petit aperçu historique et systématique:
-Genre: Lamprologus, Schilthuis, 1891
-espèce: savoryi, Poll, 1949.
Le taxon a été décrit sur un seul spécimen pêché à la ligne (au ver) dans les environs de Kigoma. Par la suite d’autres spécimens furent pêchés (6 paratypes), toujours de la même façon, à une profondeur de un à quatre mètres.
En 1952 Trewavas et Poll décrivent deux sous-espèces nouvelles, proches de L. savoryi.
L’espèce comprend alors deux sous-espèces:
- –L. savoryi savoryi Poll, 1949
- –L. s. elongatus Trewavas et Poll, 1952: ce taxon n’étant plus valable, nous l’appellerons L. brichardi Poll, 1974
- –L. s. pulcher Trewavas et Poll 1952
Ces trois taxa sont considérés comme espèces distinctes.
Description:
Cette espèce de Lamprologus est assez petite, et mesure au maximum 78 mm en milieu naturel, cette taille est un peu plus importante en captivité.
Il ne s’agit pas d’une espèce très colorée comme les Tropheus, mais ce camaïeu de gris est très utile pour le mimétisme en milieu rocheux, il est à noter qu’on le trouve également en milieux sablonneux et vaseux, Max Poll en a récolté dans des biotopes très différents les uns des autres.
Six bandes traversent le corps, de haut en bas, la première se trouve juste derrière l’opercule et la dernière à la base de la nageoire caudale. Ces barres disparaissent ou ressortent plus ou moins selon les intentions du poisson: lors des parades nuptiales, s’il est dominant, ou s’il est stressé voire dominé lorsqu’il est plus jeune.
La morphologie générale rappelle le L. compressiceps (bouche largement fendue), la courbe du dos étant moins prononcée et la nageoire dorsale moins développée chez L. savoryi. Dans le genre L. brichardi est le plus proche parent.
Une certaine disproportion est notable, la tête est grosse par rapport au corps, ce qui lui donne une physionomie peu sympathique, accommodée d’une territorialité farouche, le mâle est tout de même moins agressif que la femelle (comportement interspécifique). Le comportement intraspécifique est meilleur, les poissons respectant leur territoire mutuel.
Les parades sont très impressionnantes, lorsqu’un H. moori (trois fois plus grand que la femelle) s’approche du territoire (qui aussi le lieu de ponte) de la femelle, celle-ci se dirige vers l’intrus les membranes sous operculaires largement déployées, ce qui, pour un poisson aussi émotif est terrifiant et suffit à le faire fuir; elle le fait aussi avec tous les autres poissons , ces parades sont d’ailleurs plus violentes avec les poissons du Tanganyika, dont voici un aperçu: L. leulepi, L. moori, T. duboisi, T. moori.
De toute façon cette agressivité est tout de même contenue, et elle ne va pas jusqu’à déchiqueter les nageoires des autres poissons.
J’ai relevé des différences sexuelles; le mâle est plus grand d’environ un centimètre , sa nageoire dorsale est plus pointue, et sa robe est plus foncée.
Maintenance:
Sans rien savoir du biotope de ce poisson, j’avais quand même aménagé l’aquarium comme suit: l’échelle étant moins importante que dans le lac Tanganyika dont il est endémique, avec des schistes, pierres de lave, ainsi que des pierres calcaires (meulières de Beauce érodées, récoltées dans un ruisseau des environs) dans la partie arrière du bac, l’avant étant nu, le sol se compose de quartzite sur une épaisseur moyenne de 8 cm l’eau est très alcaline, 40° de dureté, PH 8,2.
Ils aiment beaucoup les vers de vase, les paillettes, le krill, les crevettes et les moules cuites.
Dans la nature son régime est omnivore comme en témoigne la longueur de son intestin, 54 mm pour un individu de 78 mm, soit 70 % de la longueur totale. Des examens du contenu stomacal révèlent des copépodes, des diptères et des débris végétaux.
Reproduction:
Ce poisson est assez taciturne,
ses pontes ont en général lieu dans des endroits plutôt sombres et donc peu accessibles aux regards de l’observateur attentif, mais par chance la première ponte a lieu dans un pot de fleur qui se trouve à une dizaine de centimètres de la vitre frontale (il s’agit du seul substrat artificiel dans ce bac), la femelle a du choisir ce territoire car il n’était pas occupé lors de son introduction dans le bac (le 17.11.81).
La ponte a lieu le 30.11.81, à ce moment là, 5 Å“ufs verts sont visibles.
Le 04.12.81 les éclosions arrivent, les alevins restent collés, et ils sont sans arrêt en train de frétiller.
Le 08.12.81, je soulève le pot et je peux dénombrer 8 alevins avec un sac vitellin verdâtre, collés vers le haut.
La gardienne est certainement dérangée par ce remue ménage, et elle déplace sa progéniture dans une cavité (pierre de lave). Je compte alors 7 alevins.
Il vaut mieux éviter de mettre les alevins en pleine lumière, car cela incommode la femelle; je l’ai vue lors d’une observation prolongée prendre ses jeunes dans sa bouche; j’éteignis la lumière pour la voir les recracher quelques secondes plus tard après les avoir mâchonnés , «mes aïeux, quelle frayeur!!!».
Après l’éclosion, les alevins mesurent environ 3 mm.
Le 13.12.81, les alevins commencent à nager, je m’en rends compte grâce à l’habitude, mais aussi grâce à des mouvements de torsion et de nage caractéristique des jeunes.
Cette espèce n’est pas très prolifique, ce qui ne facilite pas sa vulgarisation dans les bacs des cichlidophiles.
Que je sache, en ce qui concerne l’association, le nombre maximum d’alevins obtenus est d’une quinzaine environ (chez P. Tawil). Chez moi le nombre d’alevins était de 8 pour une ponte, mais ils disparaissent mystérieusement.
-Soit mangés par la mère qui ne pouvait assumer seule la garde des jeunes, le mâle ayant un comportement polygyne, il n’était pas souvent en compagnie de la femelle.
-Soit mangés par les prédateurs en puissance représentés par les autres pensionnaires du bac.
Il faudra que j’ouvre une parenthèse d’ici quelques mois dans la revue sur l’élevage, la croissance, etc… Enfin tout sur l’élevage des jeunes L. savoryi.
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Remerciements:
Je tiens à remercier le documentaliste générale de l’association (AFC), Robert Allgayer pour tous les renseignements qu’il m’a transmis, entre autres sur l’historique et la systématique, de l’espèce décrite le plus fidèlement possible d’après des observations notées au jour le jour.
Neolamprologus savoryi (Poll 1949)
Petite mise à jour 2002
Expérience aquariophile
Pondeur sur substrat caché.
Après toutes ces années (vingt ans !), j’ai donc repris l’aquariophilie, et retrouvé les cichlidés du lac Tanganyika, là où je les avais laissés. À l’époque les N. savoryi faisaient déjà partie de mes poissons favoris. C’est donc tout naturellement que ce poisson occupe une place de choix dans un de mes bacs.
Un couple de spécimens sauvages, est donc maintenu dans 200 l. avec un couple de Telmatochromis temporalis, et un duo de Synodontis lucipinnis. L’aménagement du bac est composé de roches de différents types, surtout des meulières de Beauce, quelques roches volcaniques, et des galets…
Le couple a établi son territoire entre les plus grosses meulières, mais chacun de son côté, la femelle ne supportant le mâle que lors des jours précédents et lors de l’accouplement (2/3 j.). La garde des alevins revient donc, par la force des choses, à la femelle, qui s’en acquitte de belle façon sachant être relativement intimidante, certainement de manière convaincante. Bien qu’aucun véritable prédateur soit présent dans ce bac, une garde rapprochée s’impose et elle s’en acquitte avec zèle. Certains jeunes des pontes précédentes montent, dans la mesure de leurs capacités physiques, également la garde autour des plus jeunes. La « discipline » du groupe est impressionnante, sur un « signe » de la mère, toute la « tribu » se tapit dans les roches et les algues les recouvrant !
Des travaux de terrassement sont entrepris et la sape des deux poissons peut provoquer des affaissements si les rochers sont posés de manière instable, attention donc, car ils sont capables de déplacer plusieurs kilos de substrat. Pour obtenir une bonne assise, les meulières sont parfaites et les aspérités, leur texture, permettent véritablement de réaliser un biotope stable, ne risquant pas de briser les parois de l’aquarium (!).
Comme décrit dans l’article consacré aux Altolamprologus, l’observation d’un poisson en « chasse » peut attirer l’attention, en effet plusieurs fois il m’a été permis de voir un ou l’autre des pensionnaires de l’espèce suivre un jeune Telmatochromis « à travers » une feuille de schiste, comme si un « sens » particulier, ou à l’instar des requins possédant des capteurs bioélectrique, leur permettait de localiser les proies potentielles, dans le sable, l’obscurité, ou en eau trouble, dans un tapis d’algues…! Il s’agit uniquement d’une hypothèse en l’absence de recherches effectuées (à ma connaissance) en la matière.
Neolamprologus savoryi n’est pas difficile à nourrir et maintenir, les nourritures usuelles, congelées, paillettes, vivantes sont absorbées sans rechigner.
Pour les amoureux du « TANGA », la robe de ce poisson n’est pas grise, mais les tons partagés entre le violacé du mâle, et la robe toute en délicatesse, le rustique du camaïeu de la femelle, en font des poissons de la « profondeur ». Délicatesse typique de la tribu des lamprologiens qui fait leur personnalité pour ne pas dire caractère, et qui ne cesse de séduire un nombre de plus en plus important de cichlidophiles.
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références et documents:
-R. Allgayer.
-M. Poll: Institut Royal des sciences Naturelles de Belgique~Exploration hydrobiologique du Tanganyika (1946-1947) – volume III fascicule 5 B – poissons cichlidae (ed. 1956).