Shuja horei (ex Ctenochromis)

Shuja horei (ex Ctenochromis)

Shuja horei (Günther, 1894)

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Introduction:

Pouvant être « comparé » aux Mbunas du lac Malawi, il en possède les couleurs vives, le régime alimentaire à tendance végétarienne (mais très volontiers prédateur piscivore), et l’incubation buccale maternelle. Caractères qu’il partage avec son « proche parent », le Tropheus , classé dans la même tribu.–P. Tawil/An Cichlidé (Vol. 1/éd. AFC/p. 81/octobre 2000)–

Également sujet à certaines pathologies digestives, il peut donc s’avérer difficile à maintenir (au sujet d’une de ses pathologies possibles, un paragraphe sera développé dans cet article, ainsi que la manière dont il est possible de s’en débarrasser).

ecaille ctenoide.   L’étymologie du nom de ce poisson :  κτενος (peigne) pour ses écailles cténoïdes et Chromis, ancien genre de la famille ; g. masc., et horei = dédicatoire à M. Hore (Tanganyika, 1877-1888).

Il faut donc prononcer : kténo/kromis

Ctenochromis horei (male).

Dimorphismes, description:Ctenochromis horei (female)

La caractéristique principale de ce poisson est la livrée véritablement multicolore des mâles, partagée entre le jaune citron, le rouge grenat, le carmin et le orange, le noir, mais encore le vert et le bleu…! Alors qu’en dites vous, oui vous les passionnés des poissons du lac Malawi ?!   Fait particulièrement remarquable dans le lac Tanganyika. Pour mémoire Oreochromis tanganicae, ou certains Limnotilapia spp., etc. sont également riches de coloration dans leur livrée.

En bac de vente ils sont simplement argentés, sauf un mâle, qui est coloré et dominant en général.   Lorsqu’il est en pleine forme, son corps est donc vert sur la partie ventrale, puis bleu sur la majeure partie latérale et retour au vert sur le dos, des points rouges sur les écailles, la tête est jaune à vert pomme, avec des marbrures et taches noires, la partie pelvienne est orange à rouge avec liseré blanc et noir sur les nageoires, les membranes sous operculaires noires jusqu’au museau, des reflets jaunes et ocelles rouge orangé dans la dorsale avec liseré orange, idem pour la caudale…!

Une femelle en pleine forme, n’a rien à envier à beaucoup d’autres espèces, elle possède ces tons en reflets verts et bleus, ces points rouges sur les écailles, quelques taches noires, et est nettement plus petite que le mâle.

Il faut aussi faire  attention lors des sexages chez les sub-adultes car les livrées Ctenochromis horei -detail-.d’effroi pourraient faire croire au même sexe, donc les papilles génitales sont ici, la base de la reconnaissance.

Il est aussi à éviter de se baser sur un « ocelle naissant », car certaines femelles en sont pourvues, et pourraient donc être facilement prises pour un jeune mâle.

Lors de phases de stress, la livrée pâlit, et les barres changent pour se trouver inversées dans la partie ventrale, se trouvant de la sorte en quinconce, décalées #########.   Les mâles dominés prennent la livrée des femelles.

La morphologie générale est en forme de torpille, le corps est comprimé latéralement, la bouche largement fendue. Cette espèce est capable de pointes de vitesse faramineuses, et de départs en flèche lui permettant de capturer des Cyprichromis ou Lamprichthys sub-adultes, pour les dévorer !

Maintenance:

Les acteurs de cet article sont un quatuor de Ctenochromis horei sauvages de Zambie *(1 mâle et 3 femelles).

La base est un grand espace avec des empierrements suffisants pour que chaque femelle y trouve une retraite contre l’insistance du mâle, qui est un vrai « lapin », paradant et « courtisant »dès qu’il aperçoit une femelle prête à pondre, ou la chassant si la maturation des ovules n’est pas avancée.

Ses relations interspécifiques (avec des Lamprologiens, quelques Xenotilapia bathyphilus, Cyprichromis sp.  jumbo « Kitumba »…) sont excellentes, même c’est à se demander s’il voit les autres poissons. Un Paleolamprologus le chasse parfois, mais il se retourne rapidement et fait face, témérairement, après avoir dépassé la limite du territoire du susdit bien sûr…

Ctenochromis horei.   Espèce pouvant approcher les 20 cm (le mâle décrit ici mesure une douzaine de centimètres), deux mâles seraient trop dans un bac de 1,50 m de façade, et vue leur agressivité l’un disparaîtrait très/trop rapidement, cela est sûr.

Un bac de 2,50 m de façade doit être un minimum pour pouvoir en maintenir deux de concert, et encore rien n’est moins sûr. Il vaut donc mieux ne pas tenter le diable si l’on a pas de cuve assez grande pour cette espèce.

Pour les femelles la hiérarchie est également très marquée, cela va par taille décroissante actuellement, la plus grande est la dominante, et ainsi de suite, la troisième (la plus petite bien sûr) doit pratiquement se cacher en permanence pour échapper aux deux autres, la deuxième est relativement tranquille mais doit régulièrement éviter la « N°1 » (bonjour chez vous…).

Une caractéristique remarquable est leur grand goût pour le végétal, et dès l’acclimatation la première chose qu’ils font est de tester les feuillages (s’il y en a). Attention donc si vous cultivez des plantes dans vos bacs Tanganyika, les feuilles trop tendres seront dévorées, et si vous avez des algues attendez vous à les voir rapidement « broutées » très efficacement. Des feuilles de salade pochées (ou autres) seront les bienvenues pour satisfaire leur appétit de végétaux.

Danger cichlids !

Une pathologie dont il est difficile de se débarrasser est apparue très rapidement après l’acclimatation, et uniquement chez le mâle, les femelles n’ayant absolument aucun symptôme d’une atteinte quelconque.

Cette maladie se traduit d’abord par un refus de s’alimenter, le spécimen recrachant toute particule de nourriture comme si elle avait « mauvais goût », puis par un arrêt complet de la nutrition. Cette pathologie avait déjà été observée chez des Xenotilapia papilio Tembwe et « sunflower Chituta » -un seul ayant survécu grâce à un essai réalisé après avoir épuisé tous les traitements possibles contre les parasites intestinaux (supposés).

En dernier recourt, l’eau fut passée aux Ultraviolets et en très peu de temps, tout symptôme disparut et les poissons se sont remis à manger (que ce soit le Xenotilapia, ou le Ctenochromis), timidement d’abord, puis de plus en plus normalement.

Danger cichlids !

En fait, il est fort probable qu’un agent bactérien (ou proche ?) était à l’origine de cette maladie et que le grand nombre présent dans le volume d’eau agressait en permanence le poisson qui n’avait pas la possibilité de « lutter » et de s’immuniser contre ces agents pathogènes. Le fait de passer l’eau aux Ultraviolets eut donc pour effet de faire disparaître tout germe en suspension (spores ou bactéries?) et que seuls restaient ceux présents sur le corps du poisson atteint. Sa guérison étant instantanée ou en tout cas très rapide.

En commençant par une journée d’UV, il faut tout de même surveiller plusieurs semaines, car les rechutes sont possibles durant quelques temps. Il faut donc rester vigilant, et ne pas hésiter pendant une semaine à refaire des passages aux UV (trois à quatre fois pendant 12 heures, et plus s’il faut). Comme conclusion, il faut savoir que l’agent responsable de cette « maladie » n’est pas connu précisément, et que ce traitement n’est qu’un essai qui a fonctionné déjà avec deux espèces dans des genres différents, les autres pensionnaires des bacs n’ayant  jamais souffert de troubles semblables (Ectodini, Lamprologien, etc.). Un tube neuf ou hors des limites de péremption est indispensable.Danger cichlids !

*Juste une parenthèse pour signaler des différences géographiques marquées, des livrées à dominantes changeantes. Par exemple sur les pages suivantes, où vous pourrez voir des spécimens très différents de ceux présentés ici, qui eux sont originaires des côtes Zambiennes :

 

http://burnel.club.fr/Photos/Chorei.htm

http://www.cichlidlovers.com/c_horei.htm

Male poursuivant une femelle.

À la poursuite d’un diamant vert ?

Reproduction:

D’abord il faut un mâle, au départ certainement gris éclatant #########, il prendra vite la palette propre à l’espèce, et de plus en plus lorsque des femelles seront prêtes à pondre. Si possible quelques femelles pour lui constituer un « harem ». Le problème de maintenir un couple est que le mâle n’aura rien d’autre à faire que de harceler la pauvre solitaire, qui par stress pourra n’avoir jamais d’ovulation, et ce serait se priver d’un joli petit spectacle que de ne pas avoir de pontes et de garde d’alevins.

Ctenochromis horei -position en T-.   Quand une femelle sera réceptive, le comportement du couple changera subtilement, et la femelle fuira de moins en moins à l’approche du mâle… Lui frétillera de plus en plus souvent, viendra se coller aux flancs de sa dulcinée en s’y frottant doucement -généralement vers la région anale- captant les phéromones révélatrices de l’état de maturation(?), l’excitation augmentant en trois quatre jours, et atteignant son paroxysme très rapidement…

La ponte peut commencer :

faisant flotter la partie terminale de ses nageoires anale, caudale, dorsale tel un drapeau au vent –à l’image des Tropheus, Ophthalmotilapia, Cyathopharynx… etc.– il attire ainsi la femelle vers le site de ponte qui ne subit pas de préparation : une partie sableuse suffisamment spacieuse pour que leur manège se déroule sans encombre, et la position caractéristique en T est de rigueur, chacun alternant sa position dans le manège, la femelle venant tenter d’absorber l’ocelle régulièrement et le mâle lâchant sa laitance en coordination.

Alors ça vient ?

Des Mastacembelus ellipsifer sont présentes dans ce bac, et lors des pontes, elles viennent tenter de chaparder quelques oeufs, avant que la femelle n’aie eu le temps de les prendre en bouche. Le mâle les repousse régulièrement et sans ménagements, les attrapant par le museau et mordant, poussant, elles n’ont plus qu’à battre en retraite, et la ponte peut reprendre jusqu’à la prochaine intrusion… Aucune réussite d’ingestion n’a été observée, lors de leurs nombreuses tentatives.

S’ils sont dérangés, la ponte prendra plus de temps, mais sera menée à bien.

Ctenochromis horei | femelle ramassant un oeuf.

Le nombre d’œufs variant entre un et trois par lâcher (peut-être plus chez les plus grosses femelles), la cavité buccale est rapidement distendue et cela empirera après l’éclosion des larves et leur croissance. Après la première escapade des alevins, cela deviendra vraiment marquant, une femelle de 8/9 cm pouvant receler une vingtaine de jeunes sans problème.

Ctenochromis horei & Aethiomastacembelus ellipsifer.

Reste-t-il encore un succulent petit œuf à dévorer ?

Lorsque les femelles incubent, le calme revient mais des poursuites ont encore lieu (sans nageoire abîmée cela va de soit), la petite peut alors se promener relativement tranquillement sans crainte pour son intégrité, même, elle résiste à la dominante.

Ndlr: Une ponte le 08/07/2003 –le mâle ne harcèle pas les femelles en incubation– tout se passe bien… Premier lâcher des jeunes le 25/07 (durée totale de l’incubation = 22 jours ; il est possible qu’elle dure moins longtemps en fonction de la température, en effet lors de la canicule de l’été 2003 une durée de 16 jours avant lâcher a été rapportée, soit une semaine de moins!!!).

C. horei -femelle en incubation-.   Dans les derniers jours de l’incubation, la femelle a été capturée (de nuit) et placée dans un bac de 120 l avec un couple de Xenotilapia flavipinnis et 3 N. kungweensis. Elle commence par se ménager un territoire suffisant d’environ les ⅔  du bac afin de se sentir en sécurité – cela prendra deux jours . Au matin, les jeunes -au nombre de 20. La seconde eut également une vingtaine de petits, et ce lors de la première ponte après acclimatation – sont tapis sur le substrat lors du début de l’observation, distribution de nourriture et doucement ils commencent leur premier repas. La femelle n’hésitant pas à « broyer »en fines particules des paillettes au dessus d’eux, ils s’empressent de dévorer tout ceci.

Bonnes mères, les femelles font toujours en sorte d’avoir un espace tranquille en repoussant tous les velléitaires d’approche, les jeunes se déplacent petit à petit et la gardienne continue sa ronde durant tout ce temps, suivant le  mouvement. Si la pression est trop forte, sur un mouvement, tous les alevins regagnent la bouche protectrice. Au bout de quelques jours, la femelle N°1 étant plus tranquille dans son bac, elle lâche plus volontiers ses petits, elle ne supporte plus la présence des Xenotilapia flavipinnis et les a relégués dans l’entrée de la décantation…

Une séparation en feuilles de schistes a du être établie durant quelques temps, jusqu’à la capture et la remise dans le bac d’origine, de la femelle Ctenochromis… Le seconde femelle, dans un bac contenant de jeunes Cyprichromis sp. jumbo, Xenotilapia flavipinnis, et Neolamprologus helianthus, prend plus de temps pour le premier lâcher, et ne repousse pas aussi « férocement » tous ces jeunes nageant à proximité…
C. horie -femelle et alevins-.   Les alevins n’hésitent pas à trouver refuge dans des coquilles de Neothauma et « petits gris » présentes dans le bac. Leur croissance est assez rapide, et de 1.5 cm à leur première sortie, bien nourris de micro-vers, poudres pour alevins habituelles, et paillettes à la spiruline (broyées par la femelle donc), ils mesurent bien 2 cm au bout d’une semaine.

Petit à petit, ils prennent de plus en plus de place et la bouche commence à ne plus leur proposer d’espace suffisant, ainsi au bout de quelques jours la mère les délaisse, il est temps de la remettre dans le bac…

Par la suite ils peuvent être observés se déplaçant en banc, à l’unisson et grappillant tout ce qui passe à leur portée, broutant les algues par-ci, enfournant une bouchée de sable là…

Des problèmes de croissance ont été mis en évidence par certaines personnes ayant eu des Ctenochromis horei, en effet vers l’âge de trois mois les alevins étaient supposés mourir… Après quelques coups de téléphones et discussions sur le sujet, il s’avère que peu de personnes se sont heurtées à ce problème et que la plupart ont mené leurs jeunes à l’âge adulte, sans aucun problème de cet ordre. À ce propos, il est donc évident que certaines qualités d’eau peuvent être à l’origine de ces pertes, et aussi la présence de mycobactéries qui peuvent être éradiquées à l’aide d’un passage de l’eau aux Ultraviolets. Les nitrates peuvent également avoir leur part dans ces morts inexpliquées, sans oublier le régime alimentaire qui doit être pour partie végétarien.

Leur livrée, même si à l’œil nu rien n’est vraiment visible, n’en est pas moins présente dès le début (?), et certains spécimens arborent à 2 cm, la zone pelvienne rougeâtre typique des mâles (?) ▼ (observations faites sur photos agrandies).

Ctenochromis horei juvénile.

! Aparté !

Instinct maternel et instinct de « protection »

Après ses premiers lâchers, la seconde femelle fut mise en présence des jeunes de la ponte N°1… Dans les cinq minutes les alevins de l’autre ponte ont commencés à la harceler à hauteur de la bouche, et son instinct l’obligea à en prendre jusqu’à ne plus pouvoir, et une dizaine de plus y trouvèrent refuge, les autres pressaient derrière la « porte » mais elle s’éloigna car la limite était atteinte -elle en avait pris une trentaine à l’arrivée quand même !-.

Ils étaient séparés de leur mère depuis trois jours déjà.

Ctenochromis -femelle gorge distendue-.

Il y en a tellement qu’ils dépassent !

L’expérience avec des Synodontis sera le sujet d’un encart, mais cela sera pour plus tard.

 

Male Shuja surpris de nuit.

Mâle surpris de nuit.

Étude comportementale in situ:

D’après Haruki Ochi.

Mate Monopolization by a Dominant Male in a multi-male Social

Group of a Moothbrooding Cichlid, Ctenochromis horei

Ctenochromis horei -femelle et alevin-.Conclusion:

Un bel instinct maternel, des mères bonnes protectrices pour leur progéniture.

Cette espèce est bien vivante et met de l’animation dans un bac.

Une telle palette est rare dans le Tanganyika et mérite qu’on s’y arrête, malgré une certaine agressivité.

Une certaine fragilité digestive est reconnue par bon nombre de passionnés ayant eu affaire à cette espèce, mais elle n’en est pas forcément atteinte (dans de bonnes conditions), un taux de nitrates le plus bas possible doit être une priorité (!).

 

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   Référence:  M. Poll : Institut Royal des sciences Naturelles de Belgique~Exploration hydrobiologique du Tanganyika (1946-1947) – volume III fascicule 5 B – poissons cichlidae (ed. 1956).

 

 

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