Les biotopes ; intermédiaire, sableux et les conchylicoles (lac Tanganyika)

Les biotopes ; intermédiaire, sableux et les conchylicoles (lac Tanganyika)

Biotope intermédiaire à Nkondwe island

Lac Tanganyika biotopes intermédiaires, sableux, et les conchylicoles, sur les côtes de Tanzanie.

Le second volet de notre voyage, va nous permettre de découvrir une zone particulière, la zone intermédiaire.
Cette zone occupe 21% des côtes du lac Tanganyika, Elle a ses espèces inféodées, poissons ou mollusques.
affleurements rocheux (Kabwe)
Il y a plusieurs cas de figures qui peuvent créer ce biotope; Généralement il est le résultat du passage d’une zone rocheuse, à une zone sableuse mais, également, il peut être trouvé dans des secteurs où la côte est assez plate, et où le socle rocheux affleure.

Udachi point

Udachi rocks

Pour exemple la région de Kabwe, à mi-chemin sur les côtes tanzaniennes.

Comprise entre la presqu’île de Utinta, et la plage Kabwe camp (env. 6 km), les formations rocheuses sont implantées en lames granitiques érodées, implantées ça et là par amas plus moins monumentaux.
Nous pouvons trouver également des zones intermédiaires enclavées dans les zones rocheuses ou faisant suite à ces zones.

Biotope intermédiaire à Nkondwe island

Biotope intermédiaire enclavé (île de Nkondwe)

 

 

 

Dans ces zones vivent généralement des poissons dépourvus de pigmentation foncée, à l’opposée de la zone rocheuse, où ceux-ci ne sont pas rares. Il est aussi possible de rencontrer des espèces typiquement pétricoles ou sabulicoles, faisant des incursions subreptices hors de leur territoire de prédilection.

 

Au pied des roches éparses, nous rencontrons beaucoup de cichlidés de la tribu des Lamprologiens.

 

Neolamprologus tetracanthus

Neolamprologus tetracanthus

 

 

Les Neolamprologus de type N. tetracanthus sont légion.

 

 

 

La densité de poissons, ici, est nettement moins importante que dans les secteurs rocheux. Un Telmatochromis y a établi son territoire, c’est T. donthi, ce cichlidé est fortement armé, de dents très pointues et un caractère affirmé qui laisse peu de place à la « tendresse », il est tout à fait capable de chasser des poissons 10 fois plus grands que lui…
Telmatochromis donthi pêché à la ligne
Une espèce vivant dans ce milieu peut paraître décalée, en effet très souvent sa livrée est très foncée, et parfois noire, il s’agit de

Neolamprologus christyi. Même s’il a une prédilection pour la zone rocheuse, rien ne l’empêche d’élire domicile ici. Qu’un tas de roches moyennes soit libre, et il va y élire domicile. Sapant sous la roche, modelant l’environnement pour obtenir le nid parfait pour y pondre.

 

Un prédateur de cette tribu croise également, c’est le Neolamprologus cunningtoni, splendide cichlidé en fuseau élancé. Si un alevin égaré, croise sa route, il risque de terminer au fond du gosier de ce prédateur.

 

 

 

Ses proies favorites sont les jeunes Xenotilapia, Aulonocranus, et divers autres Ectodini.

 

Callochromis macrops, fait son cratère sur ces secteurs également, d’un diamètre pouvant atteindre 50 cm, le mâle patrouille

 

 

Dans la partie sableuse, nous croisons les espèces sabulicoles. Xenotilapia flavipinnis, et boulengeri pour les plus communs, Grammatotria lemairii, Lepidiolamprologus cunningtoni et attenuatus.

Neolamprologus tetracanthus, callipterus ce dernier est rencontré sur des nids de coquilles, nids qu’ils édifient en amassant toutes les coquilles d’un secteur.

Le dimorphisme sexuel est très marqué, et d’énormes mâles chapeautent un harem de petites femelles, qui elles se réfugient dans les coquilles, elles mesurent rarement plus de 5/6 cm, alors que les mâles peuvent dépasser les 15 cm. !
Généralement les secteurs propices à ces nids attirent plusieurs mâles, qui peuvent régulièrement se voler des coquilles, avec leurs occupantes (avec leurs petits s’il y a lieu).

Dans ces nids il arrive parfois que nous rencontrions des « commensaux », il s’agit de Telmatochromis vittatus, de grandes familles peuvent s’établir et pondre, croitre et multiplier grâce à la protection du mâle N. callipterus.
Ils profitent du calme des sanctuaires de ponte de ce poissons. Plusieurs dizaines de spécimens peuvent y être observés en même temps, et c’est généralement un très beau mâle et un harem de femelles et des jeunes, qui y vivent.

 

Nous allons maintenant vous faire découvrir un hôte de ces lieux, c’est le plus gros cichlidé prédateur d’Afrique.

Boulengerochromis microlepis

Boulengerochromis microlepis

Boulengerochromis microlepis a longtemps été considéré comme le plus grand cichlidé du monde, mais les dernières décennies nous ont montrées qu’en Amérique du Sud, vivait un prédateur bien plus impressionnant, il s’agit de Cichla temensis qui peut atteindre 1,20 m., alors que dans le même temps B. microlepis atteint juste les 80 cm. Ce poisson vit, dans sa jeunesse, en bancs nombreux et forts de plusieurs centaines d’individus. En grandissant ils finissent par se séparer et vivent en solitaire, croisant dans le milieu, à la recherche de proies. Leur nourriture principal étant composée de Xenotilapia spp., Enantiopus, et autres poissons “fourrage”…

En temps normal, leur livrée est assez insipide, gris jaunâtre, taches noires, et vermiculures bleuâtres… Mais dès qu’un couple se forme en vue de reproduction, cela change et une pigmentation jaune citron, et des vermiculures bleu azur transforment les poissons en pures merveilles de la nature. Si un couple est rencontré en zone très sablonneuse, ces couleurs seront d’autant plus éblouissantes.

Boulengerochromis microlepis

Femelle Boulengerochromis microlepis (garde des larves).

La rencontre avec un tel spectacle reste inoubliable. En observant un peu les deux partenaires, on trouve rapidement le nid, le cratère où les œufs ou larves sont stockés. En prévision, les parents en ont creusés plusieurs dans un périmètre conséquent, qui entre deux roches, qui au milieu d’une étendue sableuse etc.

Les oeufs sont généralement pondus sur un substrat dure, mais de temps en temps, la ponte se fait à même le sable, les œufs disparaissent alors, au milieu de la granulométrie irrégulière.
Dans le couple chacun a sa fonction, monsieur croise au large dans un périmètre de 5/7 m., et madame s’occupe de la garde rapprochée, de 1 à 2 m. Tous les intrus, quels qu’ils soient sont chassés violemment, même les plongeurs ont droit à des parades d’intimidation…
Les larves sont souvent déplacées de cratère en cratère, jusqu’à ce qu’elles atteignent la nage libre, les parents doivent alors gérer 5 à 10 000 alevins remuants.
Laissons les tranquilles, et continuons la découverte de ce milieu riche de diversité.

Dans les parties sableuses, nous pouvons trouver des moules d’eau douce, certaines sont véritablement énormes et approchent les 15/20 cm, elles filtrent l’eau et absorbent, bactéries, diatomées , et algues unicellulaires. De temps en temps, nous trouvons des amoncellements de valves, là il y a fort à parier qu’une loutre vient régulièrement se gaver en ces lieux. Une dizaine d’espèces de moules peuvent être rencontrées dans le lac Tanganyika.

Les escargots viennent aussi se nourrir dans ce substrat et à l’image des Melanoides de nos aquariums, ils prélèvent leur pitance dans la sable, laissant des sillons, mais surtout leurs coquilles qui, deviennent des abris pour beaucoup d’espèces de cichlidés, de crustacés du lac Tanganyika.

Les courants peuvent aussi apporter les coquilles vides, dans des secteurs bien marqués, qui sont les « lits de coquilles », généralement des spires de Neothauma tanganicense.
De nombreuses espèces y ont élues domicile, les Neolamprologus sont très bien représentés.
Neolamprologus brevis, calliurus, similis, callipterus, des Telmatochromis sp. Shell ou affinis vittatus. Les espèces rencontrées dans les zones coquillières, sont relativement petites. Le plus petit cichlidé du monde est rencontré dans ces zones, il s’agit du Neolamprologus multifasciatus, qui vit en Zambie. C’est un proche parent du Neolamprologus similis, ceux-ci vivent en groupes et non en colonies, les Neolamprologus brevis sont en couple, ainsi que N. calliurus.

L’adaptation à ce milieu particulier, est assez rare dans le monde piscicole. Une espèce tire parti des coquilles de Laniste au lac Malawi (Lanistes nyassanus), le Maylandia lanisticola, et les mers et océans n’offre que des utilisateurs occasionnels. Ces lits ont une épaisseur qui n’a jamais été mesurée, mais l’eau du lac est tellement basique, que leur dissolution doit bien prendre plusieurs dizaines d’années.
Les espèces malacophages, sont aussi présentent dans ces secteurs, les Neolamprologus modestus par exemple, passe sont temps à retourner les amas de tests, pour y trouver quelques proies.

Malapterurus tanganyikaensis

Malapterurus tanganyikaensis à Muzi.

Un autre habitant à moustache est croisé parfois, il est curieux de nature et n’a certainement que très peu de prédateur, ce poisson est électrique, il neutralise ses proies avec des décharges. Son contact peut donc vous assommer, et en plongée cela peut être fatal. C’est le Malapterurus tanganyikaensis, l’espèce n’est pas grande, mais est assez répandue.

Xenotilapia boulengeri et Grammatotria lemairii

Xenotilapia boulengeri et Grammatotria lemairii à Mtosi.

Les Xenotilapia sont les hôtes naturels de ces lieux, leur adaptation sabulicole est poussée à l’extrême, il fouille perpétuellement le sable, le filtre et en extraient les jeunes mollusques, les larves d’insectes, petits crustacés, diatomées et s’en nourrissent.
Une singularité des certaines de ces espèces, qu’elles partagent avec d’autres ectodini, est de s’ensabler lorsqu’un danger menace, attaques de prédateurs en général. En aquarium, cela peut être une épuisette. La première fois que ce phénomène arrive, il y a de quoi être décontenancé, car la disparition des poissons, est inquiétante… Après quelques secondes de calme, ils ressortent et se remettent à nager. Quand l’habitude est prise, cette tactique nous permet de les capturer en passant l’épuisette dans le sable.

Xenotilapia boulengeri

Xenotilapia boulengeri.

Voici donc passé en revue une part non exhaustive de la faune piscicole des zones intermédiaire, sableuse, et des lits de coquilles. La richesse biologique du lac Tanganyika, doit pouvoir être sauvegardée, La majeure partie de ses côtes étant rocheuses et impêchables de façon industrielle, est rassurant.

Ce qui le menace c’est la déforestation galopante sur ses rives, la terre arrachée au sol, rend l’eau plus opaque, et le limon en se déposant sur la couverture biologique, l’étouffe, et c’est le premier maillon qui disparaît, entrainant à sa suite le reste de la chaine alimentaire…

 

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