Boulengerochromis microlepis 1 cichlidé charismatique

Un prédateur emblématique du lac Tanganyika, le Boulengerochromis…

Le Boulengerochromis microlepis, souvent qualifié de « plus grand cichlidé africain », ou « Empereur du Tanganyika », il est une espèce emblématique du lac Tanganyika. Sa grande taille, son comportement prédateur et son rôle écologique crucial suscitent l’intérêt des chercheurs et des aquariophiles avertis.

Mâle – île de Mikongolo.

Morphologie et écologie

Endémique du lac Tanganyika, un lac méso-oligotrophe et ancien situé en Afrique centrale, le Boulengerochromis microlepis atteint des dimensions exceptionnelles : jusqu’à 80 cm de longueur pour un poids d’environ 4,5 kg. Cette morphologie fusiforme est adaptée à une nage rapide, essentielle pour capturer des proies dans un environnement pélagique.

Ce cichlidé présente une robe argentée aux reflets bleutés en temps normal, celle-ci passe au jaune citron/or lors de la période d’accouplement, conférant une allure élégante et discrète dans les eaux claires du Tanganyika. Il se nourrit principalement de petits poissons d’abords lorsqu’il est jeune et leur taille évolue au fur et à mesure de sa croissance, jouant ainsi un rôle clé dans la régulation des populations piscicoles.

Stratégies comportementales et reproduction

Le Boulengerochromis microlepis est un prédateur opportuniste, souvent observé dans les zones pélagiques mais s’aventurant périodiquement vers les rivages rocheux. Il adopte une stratégie énergétique efficace, optimisant ses déplacements pour maximiser ses prises.

B. microlepis - femelle et larves à Lyamembe.
B. microlepis - larves.
B. microlepis - femelle et nid à Lyamembe.
B. microlepis - portrait d'un mâle.
B. microlepis - femelle pas très contente d''un importun.

Durant la période de reproduction, cette espèce forme des couples monogames. La femelle pond plusieurs milliers d’œufs (jusqu’à 10 000) sur un substrat soigneusement préparé, généralement une surface plane exempte de débris, ou une cuvette creusée dans le sable.

Les deux parents assurent une surveillance constante des œufs et des larves, changeant périodiquement de place pour limiter les risques de prédations, un comportement qui reflète une forte sélection parentale. Les œufs éclosent en 3 à 5 jours, et les alevins restent sous la protection parentale jusqu’à atteindre une taille suffisante pour éviter la prédation. À partir de la nage libre, les alevins se regroupent en banc serré, à ce moment là leurs parents les emmènent dans des zones plus profondes, également pour limiter prédation.

Des hypothèses ont été émises sur le fait que les parents mourraient après l’émancipation de leur fraie, mais aucune étude de n’a été faite à ce propos et cela reste, pour le moment, un mythe plus qu’une réalité.

Boulengerochromis microlepis – 8000 litres.

Maintenance en captivité : défis et recommandations

Le maintien de Boulengerochromis microlepis en aquarium est une entreprise complexe, nécessitant une infrastructure adaptée et une connaissance approfondie de ses besoins biologiques.

Volume et agencement de l’aquarium

Pour un adulte, un volume minimal de 2/3 000 litres est requis, avec une longueur d’au moins 3 mètres pour permettre une nage fluide. Les aménagements doivent privilégier des zones ouvertes tout en offrant quelques structures rocheuses comme points de repère.

B. microlepis – et Auchenogalnis occidentalis.

Paramètres physico-chimiques

Les conditions de l’eau doivent reproduire les caractéristiques du lac Tanganyika :

pH : 7,8 à 9,0
Température : 25 à 28 °C
Dureté : 10 à 15 °dGH

Un système de filtration performant, couplé à un brassage modéré, est indispensable pour maintenir une qualité d’eau optimale.

Larves dans un nid à Lyamembe.

Régime alimentaire

En captivité, l’alimentation doit être diversifiée pour répondre aux besoins carnivores de l’espèce. Des poissons congelés (type éperlans), des granulés riches en protéines et des proies vivantes comme les crevettes permettent de stimuler son comportement naturel de prédation.

Reproduction en captivité

Bien que réalisable, la reproduction en aquarium reste un défi. La clé réside dans la création d’un environnement calme et sécurisé. Une fois la ponte réalisée, les œufs nécessitent une surveillance accrue pour éviter les pertes dues aux variations de qualité de l’eau ou au stress des parents.

B. microlepis – juvéniles capturés en grand nombre dans cette senne de plage en tulle.

Importance écologique et enjeux de conservation

Dans son habitat naturel, Boulengerochromis microlepis occupe une niche trophique essentielle, régulant les populations de poissons de taille intermédiaire. Le lac Tanganyika, soumis à des pressions anthropiques croissantes telles que la surpêche et la pollution, voit ses équilibres écologiques fragilisés. Comprendre le rôle de ce cichlidé dans ces dynamiques est crucial pour formuler des stratégies de gestion durable.

Pêcheurs de Kuhe/Nkupi à Kantalamba.

Conclusion

Le Boulengerochromis microlepis n’est pas qu’un simple poisson de grande taille. C’est un modèle biologique pour l’étude des comportements parentaux, des adaptations morphologiques et des interactions trophiques dans les grands lacs africains. Que ce soit en captivité ou dans son milieu naturel, il incarne les défis liés à la conservation des écosystèmes aquatiques complexes.