Mastacembelus ellipsifer

Mastacembelus ellipsifer

Les Mastacembelus ellipsifer sont des poissons fascinants, originaires du lac Tanganyika. Ces « anguilles » d’eau douce appartiennent à la famille des Mastacembelidae. Leur apparence allongée et leur comportement discret en font des sujets intéressants pour les aquariophiles expérimentés. Cet article explore la maintenance et la reproduction de cette espèce en aquarium.

Mastacembelus ellipsifer

Mastacembelus ellipsifer en aquarium.

Caractéristiques générales

Nom scientifique : Mastacembelus ellipsifer
Origine : Afrique (tout le lac Tanganyika).
Taille adulte : 30 à 40/50 cm.
Espérance de vie : 8 à 15 ans en captivité.
Comportement : Crépusculaire et principalement benthique (vit près du fond).
Régime alimentaire : Carnivore à tendance paedophage (vers, crustacés, petits poissons, œufs de poissons etc.).

Maintenance en aquarium

Taille et agencement de l’aquarium

Volume minimum recommandé : 400 litres pour un individu.

Décor : L’aquarium doit être aménagé avec de nombreuses cachettes (rochers, tubes etc.). Le substrat doit être sableux ou composé de petits graviers pour éviter qu’ils ne se blessent en fouissant.

Qualité de l’eau : l’eau doit être autant que possible exempte de nitrates (NO3), et être bien oxygénée.

Température : 24 à 28 °C. (au delà de 28°, comme pour tous les poissons du lac, la mort par asphyxie peut survenir rapidement).
pH : 7,5 à 9.

Dureté : Moyenne à élevée (8-20 °GH).

Filtration : Puissante, mais avec brassage de surface pour éviter de trop remuer le substrat.

Comportement social

Les Mastacembelus ellipsifer sont relativement solitaires. Ils peuvent cohabiter avec des cichlidés de taille similaire ou d’autres espèces non agressives, mais ils risquent d’agresser les petits poissons ou les invertébrés.

Alimentation

Mastacembelus ellipsifer

M. ellipsifer se nourrissant de vers de vase.

Ces poissons sont carnivores et préfèrent une alimentation vivante ou congelée :

Vers de vase, crevettes, artémias, petits morceaux de poisson… Attention à ce que les autres pensionnaires ne mangent pas les vers de vases par exemple, cela peut déboucher sur des bloats assassins !
Évitez les aliments séchés ou non adaptés à leur régime naturel.

Ils sont plus actifs à l’aube et au crépuscule, moments idéaux pour les nourrir.

Reproduction de M. ellipsifer

Conditions nécessaires

La reproduction en captivité est rare et exige des conditions bien spécifiques :

Sélection d’un couple : Il est difficile de différencier mâles et femelles, bien que les femelles soient souvent plus rondes et ont l’ovipositeur proéminent en période de ponte.
Paramètres de l’eau : Maintenir une température autour de 27-28 °C et une eau légèrement alcaline (pH 8/9).
Cachettes pour la ponte : Fournissez des tubes ou des failles rocheuses (type lames de schiste) où les œufs pourront être déposés.


(Carsten Thorleif Stabel)
 

Comportement reproducteur

Le mâle courtise la femelle avec des mouvements ondulatoires. Une fois fécondés, les œufs sont souvent collés à un substrat ou une paroi dans un endroit protégé. Les adultes peuvent ne pas protéger les œufs et risquent même de les consommer.

~ Crédits photos : Fabien Nicod ~

 

Soins des œufs et des alevins

Incubation : Les œufs éclosent généralement après 2 à 4 jours.
Alimentation des alevins : Les alevins se nourrissent de micro-organismes au début, puis de nauplies d’artémias et de proies adaptées à leur taille.
Croissance : Les jeunes Mastacembelus grandissent rapidement, mais nécessitent un contrôle strict de la qualité de l’eau.

Défis et précautions

Sensibilité aux blessures : Leur corps allongé les rend sensibles aux blessures causées par des décorations rugueuses.
Qualité de l’eau : Une mauvaise maintenance peut entraîner des maladies comme les infections bactériennes.
Reproduction : Les succès reproductifs en captivité sont rares, mais pas impossible et peuvent être favorisés par des conditions proches de leur habitat naturel.

La Mastacembelus ellipsifer est une espèce captivante, mais qui nécessite des soins spécifiques. En respectant leurs besoins en matière d’environnement et de régime alimentaire, ces poissons peuvent prospérer en aquarium. Toutefois, leur reproduction reste un défi que seuls les aquariophiles expérimentés peuvent espérer relever.

Comportement du Mastacembelus ellipsifer en milieu naturel

 

En milieu naturel, le Mastacembelus ellipsifer est une espèce étroitement associée au fond rocheux et parfois sableux du lac Tanganyika, l’un des plus anciens et profonds lacs d’Afrique. Son comportement dans cet environnement est le résultat d’une adaptation millénaire à des conditions uniques.

Mode de vie

M. ellipsifer

M. ellipsifer ensablée, laissant dépasser sa tête (Carsten Thorleif Stabel)

Habitat et zone de vie

M. ellipsifer ensablée

M. ellipsifer ensablée, laissant dépasser sa tête (Carsten Thorleif Stabel)

Préférence pour les substrats rocheux et sableux (intermédiaires) :
Les Mastacembelus ellipsifer évoluent principalement dans des zones où les rochers offrent des abris et où le sable leur permet de se cacher en cas de danger.
Profondeur : Elles sont généralement observées entre 10 et 40 mètres de profondeur (et plus), bien que leur distribution puisse varier selon la disponibilité des cachettes et des ressources alimentaires.

Mode de déplacement

Leur corps allongé et souple leur permet de se faufiler aisément entre les rochers et les crevasses. Ce mode de locomotion ondulatoire leur confère une grande discrétion, essentielle pour accéder au pontes sur substrat caché, et échapper aux prédateurs.

Comportement alimentaire

Mastacembelus ellipsifer

M. ellipsifer entre les rochers.

Mastacembelus ellipsifer est un prédateur nocturne et opportuniste.

Régime alimentaire :
Petits invertébrés benthiques (vers, crustacés, mollusques, œufs et larves de poissons).
Larves d’insectes aquatiques œufs de poissons et, occasionnellement, petits poissons.

Stratégie de chasse :
Ce poisson chasse principalement au crépuscule et pendant la nuit. Il fouille le substrat sableux à l’aide de son museau en forme de trompe pour détecter des proies cachées.

Comportement social et territorial

Territorialité :
Les Mastacembelus ellipsifer sont territoriales et solitaire. Chaque individu occupe un domaine vital qu’il défend activement contre ses congénères. Cependant, les zones de territoire peuvent se chevaucher légèrement sans provoquer de conflits majeurs.
Interactions avec d’autres espèces :
En tant que prédateur benthique, il coexiste avec d’autres espèces du lac Tanganyika, notamment des cichlidés, Claroteidae, Malapteruridae, Mochokidae, Polypteridae, Protopteridae qui sont des genres inféodés au zones benthiques. Son comportement discret lui permet de minimiser les confrontations.

 




Mastacembelus ellipsifer

Mastacembelus ellipsifer à Kasanga.

En milieu naturel

Stratégies de survie

Camouflage et discrétion :
Sa coloration tachetée et sa capacité à s’enfouir dans le sable lui permettent d’échapper aux prédateurs et de chasser efficacement à l’affut en zone sableuse.

Mastacembelus ellipsifer Molwe

Mastacembelus ellipsifer (Molwe).

Adaptation à la pression environnementale :
Le M. ellipsifer est bien adapté aux variations de conditions environnementales dans le lac Tanganyika, notamment les changements de température ou de disponibilité alimentaire.

Le M. ellipsifer incarne une combinaison de discrétion, d’efficacité prédatrice et d’adaptation environnementale. Ce poisson, bien que discret, joue un rôle clé dans l’équilibre écologique du lac Tanganyika, notamment en contrôlant les populations d’invertébrés benthiques.

Ponte et soins aux œufs :
Les femelles pondent leurs œufs dans des zones rocheuses ou sablonneuses bien protégées.
Les œufs adhésifs sont déposés dans des crevasses ou sous des rochers pour limiter leur exposition aux prédateurs.
Contrairement à certaines espèces du lac Tanganyika, le Mastacembelus ellipsifer n’offre pas de soins parentaux directs aux œufs ou aux alevins et ils peuvent même s’en repaitre.

Pêche

N’oublions pas que si elles sont des prédateurs, les Mastacembelus peuvent aussi être mangées. Par exemple ici une paire de M. moorii de belles tailles pêchées par un pêcheur local.

Mastacembelus moorii pêchées à Udachi.

 

Au passage, les autres espèces de Mastacembelus présentes dans le Tanganyika.

Mastacembelus moorii : C’est la géante du lac, pouvant largement atteindre les 80 cm, ce prédateur est toujours à l’affût dans les roches où elle attend, tapie dans l’ombre, le passe de ses proies. Surgissant pour happer le poisson crédule.

Mastacembelus tanganicae : Endémique du lac Tanganyika, cette espèce habite les zones peu profondes avec un substrat rocheux, c’est la plus petite du genre dans le lac.

Mastacembelus cunningtoni : Cette espèce est présente dans le bassin du lac Tanganyika, y compris dans son émissaire, la rivière Lukuga, jusqu’aux rapides de Kisimba-Kilia. Elle se rencontre au Burundi, en République démocratique du Congo, en Tanzanie et en Zambie.

Mastacembelus platysoma : Cette espèce se trouve dans les zones rocheuses côtières du lac, jusqu’à une profondeur d’environ 30 mètres.

Mastacembelus flavidus : Présente parmi les rochers dans les eaux côtières peu profondes du lac, jusqu’à une profondeur de 60 mètres.

Mastacembelus ophidium : Cette espèce peut atteindre une longueur totale maximale de 50 cm. Elle possède des yeux proéminents, une petite appendice rostrale, une mâchoire inférieure saillante et une nageoire caudale pointue. Elle a la particularité de s’enfouir dans le sable, ne laissant que ses yeux dépasser, prête à saisir le moindre animal passant à sa portée et pouvant être ingéré.

~ Photos Courtoisie Carsten Thorleif Stabel ~

 




Suivent ensuite :

Mastacembelus albomaculatus
Mastacembelus apectoralis
Mastacembelus micropectus
Mastacembelus plagiostomus
Mastacembelus platysoma
Mastacembelus polli
Mastacembelus reygeli
Mastacembelus zebratus
Mastacembelus frenatus
qui, elle, n’est pas endémique et se rencontre dans une bonne partie des bassins fluviaux du sud de l’Afrique.

 

 

 

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