Cyprichromis zonatus (ex sp.zebra)
Cyprichromis zonatus
D’après Éric Genevelle (novembre 1997)
Du nouveau dans le genre Cyprichromis ?
Dans le domaine de la taxonomie, pas vraiment. En effet, depuis l’avènement du célèbre Cyprichromis pavo décrit par Bücher en 1994, nous restions sur notre faim. Mais si nous quittons le domaine purement scientifique, on a de quoi se régaler, à l’ultime condition d’être attentif devant les bacs de vente. Comme quoi, rien n’a changé.
C’est ainsi que chez un fournisseur bien connu de tous, je vis un mâle Cyprichromis d’une forme anatomique et chromatique totalement nouvelle, d’une taille de plus de 12 cm (LT) en train de parader devant une femelle émerveillée. Seconde remarque, il présente, ainsi que sa courtisane, des barres verticales très marquées sur le corps. Pour en savoir plus, il fallait adopter, ce qui fut fait dans l’heure qui suivit sous la forme de 3 mâles et de 2 femelles. Ils furent placés dans un bac de 500 litres en compagnie d’un banc de Cyprichromis sp. Jumbo ‘Kitumba’, d’un groupe de Cyathopharynx foae ‘Rutunga’ et de ‘Lamprologus’ speciosus.
D’un point de vue purement anatomique, cette ‘espèce’ se caractérise par un corps très haut et par une bouche terminale (plus petite que chez Cyprichromis sp. Jumbo) nettement orientée vers le haut, ce qui lui donne quelquefois l’allure d’un Benthochromis horii. Sa nageoire caudale est en forme de lyre à l’image du Cyprichromis pavo et sa dorsale très haute. Les nageoires impaires des mâles sont arrondies alors qu’elles se terminent plus en pointe chez les femelles. Sa longueur totale peut excéder 12 cm pour le mâle, la femelle dépassant rarement les 10. De par ces caractéristiques, son anatomie générale l’associe à C. pavo si ce n’est au niveau de sa coloration et de son biotope préférentiel.
Ce patron de coloration est, fait exceptionnel dans le genre Cyprichromis, formé de 5 barres marron foncé sur un corps beige en phase d’excitation ou marron en temps normal. La caudale est marron ainsi que les pelviennes qui ne présentent pas de tâche jaune à leur extrémité. La nageoire anale ainsi que la dorsale sont bleu-mauve. La partie molle de la dorsale vire au jaune. Les femelles présentent le même patron de coloration, bien qu’en plus estompé. Pour celles-ci les nageoires sont nettement moins hautes et allongées que chez le mâle. Le ventre argenté de la femelle est légèrement striée de petits points jaune-orangé à peine perceptibles.
Cette espèce a une distribution géographique limité à la baie de Chituta en Zambie. Hans-Joachim Herrman rapporte sa présence au Sud Zaïre, mais cette information reste à confirmer. Selon Ad. Konings (communication personnelle), ces deux espèces seraient distinctes bien que ressemblantes. Si elles étaient identiques, leur distribution serait beaucoup plus vaste et s’étendrait sur la partie Ouest de la Zambie vers le Congo. Hors le zonatus de Zambie n’est présent qu’à Chituta Bay. Le zonatus du Congo serait ainsi plus à rapprocher du Cyprichromis sp. Kibige (Kibishi) de Tembe II / Kapampa. Le Cyprichromis zonatus aurait ainsi pour origine le Cyprichromis sp. Jumbo. En effet, nous pouvons remarqué qu’à Chituta le “Jumbo n’est pas présent contrairement aux autres localités zambiennes du Lac. Elle se rencontre en eaux libres à une profondeur allant de 20 à 40 m en fonction des heures de la journée et des migration planctoniques. Cette espèce se rencontre en compagnie de C. leptosoma, C. sp. jumbo ‘Zambie’ et Paracyprichromis nigripinnis. L’absence d’hybridation entre ces espèces (vérifiée aussi en aquarium) tendrait à prouver que C. zonatus est une espèce à part entière, dans l’attente de sa réelle description.
Le comportement de cette espèce est propre à l’ensemble du genre avec peut être une domination territoriale plus marquée que l’espèce leptosoma, mais sans aller à celle du Jumbo, les attaques entre les mâles relevant plus de l’intimidation que de l’attaque corporelle. La reproduction s’opère le long des pans rocheux que vous aurez placé verticalement dan votre aquarium. Le mâle attire la femelle contre la roche et se place verticalement la tête en bas. Il opère alors une série de longues ondulations à une fréquence beaucoup plus lente que chez les autres espèces du genre (C. sp. jumbo et C. leptosoma vibrent, plus que n’ondulent).
Le mâle ne présente pas ses nageoires pelviennes à la femelle en vue de l’attirer, mais déploie l’ensemble de ses nageoires. Le reste de la ponte s’opère en pleine eau, comme chez les autres espèces Cyprichromis. On pourrait en conclure (dans le cadre de mes observations) que le processus de ponte est à la croisée de Cyprichromis sp. jumbo ou leptosoma et de Paracyprichromis nigripinnis. Un comportement qui resterait à confirmer par des observations sous-lacustres. Le nombre d’alevins relâché après une incubation de 3 semaines varie entre 6 et 12 et il est curieux de noter que dès ce stade, les barres verticales sont nettement visibles. La croissance est relativement rapide à la condition de ne pas négliger les nourritures vivantes les premières semaines.
En guise de conclusion, je conseille à tous les amoureux du Tanganyika de songer à cette nouvelle espèce gracieuse, qui outre ces caractères morphologiques étonnants, présente un comportement relativement inédit. Il est vrai que les photographies présentes dans la littérature ne sont pas toujours des plus encourageantes mais je vous prie de croire qu’elles ne sont que le très pâle reflet de la réalité. A conserver sans modération.
Dernière remarque: On a trouvé dans les environs de Kavala, au centre de la côte Congolaise, un Cyprichromis nommé Cyprichromis leptosoma “Kavalla” qui présente le même patron de coloration que Cyprichromis zonatus (barres verticales). Il semble cependant que la nageoire caudale n’ait pas une forme de lyre comme c’est le cas chez le zonatus et que sa nageoire dorsale soit plus bleutée.
Selon mes dernières informations ce dernier poisson issu de Kavala serait appelé le “Kibige”. Il se distinguerait du zonatus par le dessus de la tête bleu. Pour infos complémentaires, aller à la page “On line avec Ad Konings”.
Cyprichromis leptosoma “Kavala” (Congo) (Photos Chad Christensen)