Falling in love with…

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Eric Genevelle (décembre 2000)

    

Ophthalmotilapia ventralis Tous les 5 mètres, un Ophthalmotilapia ventralis 
en pleine parade. Pas la peine de plonger, 
même de la surface, ils sont splendides

Le plus dur, après un tel voyage, c’est de s’en remettre. C’est vrai, je suis sensible, mais bon, je ne m’attendais pas à vivre un tel sentiment à mon retour du lac Tanganyika. Il y a un mois à peine, j’arrivais à Roissy après deux jours de voyage. Les sandalettes aux pieds (10° dehors), les sacs chargés de Neothoma et autres coquillages, j’avais l’air heureux. Mais en mon fort intérieur, les sentiments étaient variés. Oui, j’allais retrouver mon Isabelle, le chat et l’aquarium, mais mais… Putain que j’étais bien là-bas !

Mes sacs arrivent enfin sur le tapis roulant, mes pellicules photos sont toutes là, la douane ne me regarde pas (de toute manière, la seule chose que j’ai à déclarer, ce sont des images !). Voilà, c’est fini. Demain, Paris la Défense, le RER et les grèves. Putain, il faut que je reparte !

Paracyprichromis nigripinnis.Blue Neon, un surnom qui prend tout son sens
Et depuis ce temps…. je rêve… ou plutôt je commence à réaliser ce que fût pour moi ce voyage magnifique. Avant de partir, je m’étais dit “Je rentre, et je balance sur le site des articles toutes les semaines”. Bilan, il y a un mois que je suis rentré et je n’ai fait paraître sur le site que le récit d’une seule de mes plongées à Chisanza. Pourquoi ? Tout simplement parce que pour vous livrer ces articles, j’ai besoin d’avoir toutes mes photos scannées (et ça prend du temps, même si je suis aidé). Il est hors de question pour moi de vous faire rêver à moitié !. Et puis, pour tout vous dire, il y a beaucoup de souvenirs que je garde pour moi et que, quand on a vu la chose, en vrai, il est difficile de l’écrire tant les mots sont faibles. C’est pourtant le but de ce petit article. Vous présenter en quelques photos et quelques mots les sentiments que l’on peut ressentir lorsque l’on plonge dans les eaux tièdes du lac Tanganyika.

Lorsque je suis arrivé le premier soir à Mpulungu, mon premier geste fut de mettre ma main dans l’eau, d’en recueillir quelques gouttes de paradis, puis de m’en asperger le visage. Je montais alors dans la barque qui m’emmenais à la station de Kalambo. La nuit tombait et l’eau semblait d’encre. Quelques Kapata sautaient à travers la surface et Crocodile Island masquait une partie du soleil rasant.

Arrivé à la station, j’enfilai mon masque, prenait la torche et me jetait dans les eaux noires du lac. Et c’est là que tout à commencé…

Cyphotilapia gibberosaLe Lion du lac. 
Imperturbable, serein, majestueux, imposant…
 
Neolamprologus modestusSi insignifiants en aquarium, les N. modestus paraissent comme ciselés dans la nacre
 

Xenotilapia flavipinnisUne armada de couteaux qui traverse les eaux à moins de 30 cm du sable, des Xenotilapia flavipinnis

Puis les plongées s’enchaînent, lentement car ici, on ne vit qu’au rythme du soleil et des barbecues de cichlidés grillées. On a beau plonger dix fois au même endroit, c’est à chaque instant un nouvel émerveillement. Les poissons ne sont jamais les mêmes et adoptent des comportements différents à chaque heure de la journée. Pour les Tropheus, c’est à 10 heures qu’ils sont les plus beaux. Pour les V. moorii, 14 heures est la bonne heure. 16 heures, adieux les Eretmodus… Altolamprologus compressicepsDiscret, mais si noble
Il y a ensuite les poissons que l’on osait espérer apercevoir et qui soudain envahissent votre champ de vision. Les Xenotilapia sp. Sunflower que l’on peut presque toucher, ou les Masta que l’on caresse avec le doigt. Les bancs de Boulengerochromis microlepis qui vous tournent autour et les mâles Benthochromis qui se battent à deux mètres de vous en pleine eau. Ce sont aussi quelques rares Bathybathes qui passent à l’horizon ou encore les loutres qui vous surveillent de loin. C’est encore rencontrer des Lates, Tropheus ou Petrochromis Gold alors que l’on croyait ces formes trop rares pour pouvoir être observées au premier voyage. Telmatochromis vittatusCertainement le plus malin Un voyage au Tanganyika, c’est aussi s’apercevoir qu’un ‘Lamprologus’ ocellatus a un territoire de plusieurs mètres carrés, que les Lamprichthys sont des teignes et que les X. ochrogenys vivent par milliers dans deux mètres d’eau en compagnie d’autres Enantiopus. C’est aussi comprendre que certaines espèces sont rares et que d’autres sont très difficiles à collecter. C’est enfin comprendre qu’un bac de 1000 litres, c’est ridiculement petit.
Plonger dans le lac, c’est aussi réaliser qu’il est habité par d’autres familles de poissons que les cichlidés. On y trouve des anguilles, des poissons chats, des crabes, des éponges, des coquillages, etc.

Penser que le Tanganyika n’est qu’une piscine de cichlidé, c’est ne faire que 50% du chemin.

Xenotilapia ochrogenys
Xenotilapia ochrogenys. Par centaines, dans deux mètres d’eau…

Synodontis sp.
Attrape-moi si tu peux

Xenotilapia sp. sunflower
A 30 mètres de profondeur, des cichlidés ont prélevé une part de soleil
Comprendre le lac, c’est aussi discuter avec les pêcheurs, regarder leurs enfants s’émerveiller devant un simple stylo et vous offrir en échange des mangues délicieuses. C’est aussi offrir un hameçon neuf à un vieil homme pour voir son visage s’illuminer. 

Neolamprologus cunningtoniNeolamprologus cunningtoni
50% bleu, 50% jaune
sur un corps de perle

Observer les cichlidés dans le lac, c’est encore s’apercevoir que des espèces ne sont belles QUE dans le lac. Je suis ainsi tombé amoureux des reflets cuivrés des L. callipterus, des liseré bleuté des V. moorii sur leurs corps d’ébène, de l’élégance naturelle du N. christy et de la délicatesse juvénile des cunningtoni. Boulengerochromis microlepisLe plus gros des cichlidés d’Afrique est en réalité le meilleur ami des plongeurs

'Lamprologus' mutifasciatus3 cm à peine pour un charme fou

C’est aussi comprendre qu’un voyage ne suffira pas pour que je profite pleinement de tout ce qui m’est donné à voir. J’ai beau m’être limité à une toute petite zone de prospection, j’ai conscience de passer à côté de plein de choses. En regardant mes photos, je me maudis en constant que j’ai omis de prendre tel ou tel paysage, que telle espèce, je n’ai qu’une photo ou encore que je n’ai pas cherché à capturer avec mon appareil photo une femelle en train de cracher ses alevins…
'Lamprologus' callipterusLa terreur du lac

Neolamprologus buescheriSaches que si tu veux m’attraper, 
il t’en coutera au moins 30 minutes

Bref, en 2002, j’y retourne. 

Vous venez ?

TropheusLe Tropheus le plus Gold 
jamais découvert à ce jour

 

 

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