Lamprologus brevis
L. brevis Boulenger, 1899
Karilani et Ikola
(Pisces, cichlidae, lamprologini).
Expérience aquariophile
Auteur: Benoît
Lamprologus brevis « Karilani island »
Le petit conchylicole de Karilani, vivant en couple soudé par la force des choses…
Description:
La taille de ce L. brevis n’excède pas les cinq centimètres pour le mâle qui est nettement plus grand que sa femelle qui, elle, atteint quatre centimètres.
La coloration générale est beige-crème, pouvant foncer selon l’environnement et l’humeur, également apparaissent de fines barres en reflets d’opale plus ou moins contrastées, un trait bleu souligne l’oeil comme chez beaucoup de Lamprologiens. La nageoire dorsale est liserée d’un trait noir soutenu par un fin bandeau blanc. Le mâle est pourvu de pelviennes se prolongeant en un filament blanc-bleuté, s’allongeant avec l’âge.
Différentes formes et variétés se retrouvent un peu partout autour du lac, plus ou moins colorées et plus ou moins grandes, de livrée variable.
Variations géographiques de L. brevis + N. calliurus.
-1- « sunspot » (Ikola).
-2- N. calliurus « giant Mpimbwe », mâle et femelle, très souvent confondu et vendu sous N. brevis lorsqu’il est juvénile. Les différences fondamentales entre les deux espèces, sont que N. calliurus « giant Mpimbwe » vit en colonies relativement profondément, que sa taille est très supérieure, et il est anciennement connu sous l’appellation commerciale sp. « Magarae ».
-3- « Kapampa » (Congo).
-4- « Katete » (Zambie).
-5- « Cape Chaitika » (Zambie).
Maintenance:
La maintenance de ce petit cichlidé peut se faire (comme chez nos amis Québécois) dans une tank de 10 Gallons (env. 35/40 litres), mais cela n’est pas conseillé si l’on veut qu’ils soient à leur aise.
Dans un aquarium de cent litres minimum, il « s’épanouiront » et donneront le meilleur de leur comportement.
Une belle étendue de sable avec une seule coquille de Neothauma tanganicense (une coquille d’escargot de Bourgogne ou apparentée pourra les satisfaire). Chez Lamprologus brevis « Karilani », le couple se cache à deux dans le refuge de la spirale, et au moindre signe de danger la femelle rentre la première, le mâle la suivant, on peut alors voir le bout de sa queue dépassant plus ou moins selon la taille de la coquille. Selon l’agencement du décor, le mâle peut aussi s’abriter dans un enrochement proche du test*, la femelle restant toujours à proximité.
Le mâle défend âprement son territoire et la main du « soigneur » ne lui fait pas peur, la morsure est surprenante la première fois, car il est muni de véritables petites aiguilles en place de canines(!). C’est donc le mâle qui gère la défense d’un petit bout de sable, courageux mais pas téméraire, il n’hésitera pas à mettre un grand A. calvus ou d’autres gros poissons, en déroute en les harcelant.
Donc une seule coquille, une étendue de sable, et dans un coin un éboulis de pouzzolane ou de petits galets qui sera le refuge des alevins à la nage libre.
Surtout ne pas oublier que, contrairement à ce qui est dit généralement, les conchylicoles ne vivent pas dans les coquilles, mais y pondent et s’y retrouvent pour échapper à un prédateur … Ce qui n’est pas toujours efficace face à un Boulengerina annulata stormsi …
Le brassage doit être suffisant et vous pourrez voir le couple nageant de concert face au courant, l’un décrochant parfois pour aller cueillir une particule en déplacement, une paillette, un cyclop, une daphnie. Petit ballet tranquille, ponctué de parades et de mises en alerte… au cas où il y aurait danger …
Cichlidé nain par excellence, peu de choses peuvent l’atteindre en aquarium, un petit risque tout de même: si le mâle a son refuge dans les roches, (/!\) l’ouverture de la coquille reste libre et un gastéropode peut malencontreusement venir l’obstruer. Si la femelle s’y trouve à ce moment là, elle mourra par asphyxie (malheureuse expérience vécue), donc évitez de mettre des Ampullaires(/!\).
Reproduction:
Matutinal est l’accouplement, et l’observation en est très difficile, mais au vu de parades répétées les jours précédents la ponte, il est évident qu’elle se déroule comme pour les autres conchylicoles … Un petit « ballet » de la femelle attirant le mâle, tout en vibrations, oscillations, cambrures. Dès la dépose des œufs, celui-ci se place au dessus de l’ouverture, la femelle en nageant à reculons provoque un afflux de semence dans la coquille, vers les gamètes pour leur fécondation. les larves éclosent dans les trois jours et résorbent la vésicule en plus d’une semaine.
Les alevins disparaissent de l’abri du jour au lendemain, et se retrouvent dans les caches de l’aquarium (c’est là qu’un éboulis de pouzzolane ou un amas de petits galets aura toute son importance).
Parfois pourchassés et mangés par le mâle, il leur faut très rapidement se soustraire à son appétit « féroce » et à sa tendance infanticide, prédatrice.
Ainsi vous pourrez espérer voir grandir jusqu’à une vingtaine de jeunes par pontes. Bien nourris, ils grandissent vite pour des poissons de cette taille et atteignent la maturité aux alentour des 9/10 mois.
La formation du couple peut prendre quelques jours. La rencontre est houleuse et la femelle doit pouvoir se soustraire aux ardeurs « violentes » du mâle … Au bout de trois jours de parades, la femelle est acceptée dans sa nouvelle demeure. La « danse » de séduction de la femelle est très singulière: s’approchant de son « prince charmant », elle vibre tout en arquant son petit corps la tête et la queue étant les pointes hautes de cet arc, les fines barres opalescentes se ravivent, la couleur générale se fonce, le mâle n’y résiste que très peu et l’union est scellée relativement rapidement.
Lorsqu’on rapproche le biotope naturel de L. brevis (grandes plages de sable , des coquilles éparses), il est fort probable que le couple reste uni jusqu’à la mort d’un des deux individus.
La formation du couple peut prendre quelques jours. La rencontre est houleuse et la femelle doit pouvoir se soustraire aux ardeurs « violentes » du mâle … Au bout de trois jours de parades, la femelle est acceptée dans sa nouvelle demeure. La « danse » de séduction de la femelle est très singulière: s’approchant de son « prince charmant », elle vibre tout en arquant son petit corps la tête et la queue étant les pointes hautes de cet arc, les fines barres opalescentes se ravivent, la couleur générale se fonce, le mâle n’y résiste que très peu et l’union est scellée relativement rapidement.
Lorsqu’on rapproche le biotope naturel de L. brevis (grandes plages de sable , des coquilles éparses), il est fort probable que le couple reste uni jusqu’à la mort d’un des deux individus.
Conclusions:
Le petit conchylicole de base, à regarder vivre sans modération, sa petite vie dans un petit volume, sur un petit territoire, est un grand plaisir.
Expérience de maintenance de Lamprologus Brevis en groupe
en “grand” bac et en couple en “petit” bac
Auteur: Benjamin LEMERCERRE – AFC 767.76
Ou plaidoyer contre la maintenance des conchylicoles en petit bac…
Fin Janvier 2001… Une bourse, un bac de libre, et c’est le coup de foudre : une paire de Lamprologus brevis atterrit dans un 60x30x30 aménagé pour accueillir un couple de conchylicole. Après une acclimatation qui s’est bien passée, le duo – visiblement un mâle et une femelle – est placé dans son 54L où se trouvent déjà 5-6 coquilles d’escargots de Bourgogne (vides…).
Les premières semaines de “décoincement” des poissons me paraissent longues… La plupart du temps, ils arborent une robe de stress, à l’entrée de leur coquille, prêt à bondir à l’intérieur lorsque ça remue trop. Chacune de mes tentatives d’observations de près se soldent par un échec. Même la distribution de nourriture est une épreuve de discrétion !
Quelques mois passent… Le couple semble s’être légèrement décoincé. S’en suit une longue période d’inactivité, où leur seule distraction est de gober les quelques particules invisibles à l’œil passant à leur portée ! Frustrant pour un jeune cichlidophile s’attendant à un festival de parades, d’intimidation, de couleurs et surtout, de jeunes !
En Avril 2001, le tube fluorescent rend l’âme… Le bac reste ainsi dans le noir pendant 2 semaines. Lorsque la lumière revient, c’est la satisfaction : une dizaine d’alevins de quelques millimètres sautillent dans le fond de l’aquarium…
Victoire !! Enfin du mouvement, enfin quelque chose d’intéressant à observer… Réjouissance de courte durée : les L. brevis réputés des parents attentifs et déterminés à protéger leur progéniture se révèlent de piètres gardiens : les jeunes vagabondent dans le bac à leur guise, les deux géniteurs préférant se réfugier dans leur coquille respective à chacune de mes approches, le mâle ayant même le culot de gober quelques jeunes ! Ceux-ci disparaissent peu à peu, et au bout de quelques jours il ne reste plus d’alevins dans le bac…
C’en est trop, je mets les “conchys” de côté pour un moment.
Seulement voilà, cantonné à devoir exercer ma passion dans des bacs ne dépassant pas le mètre de long, il est bien difficile pour le cichlidophile du Tanganyika de compter avec autre chose que ces “shell Cichlids”.
Me revoilà donc parti quelques temps après avec 7 jeunes Lamprologus brevis Ikola F1 (s’il vous plaît). Les poissons sont introduits dans un 100*30*30 en tant que premiers pensionnaires (devaient ensuite les rejoindre des petits Lamprologiens pétricoles, mais le destin en a voulu autrement).
Déjà lors des premiers jours, les petits nouveaux m’étonnent : les distributions de nourriture ne sont plus des missions de discrétion. Même s’ils sont encore craintifs, les écailles avalent sans rechigner les granulés proposés.
Peu après, les premières parades et intimidations font leur apparition : un bonheur pour moi, jeune cichlidophile frustré jusque là. Clairement, un dominant apparaît, et semble être tombé sous le charme d’une des femelles. Les autres colocataires sont relayés dans l’autre moitié du bac… Seulement cette tyrannie ne plaît pas à tout le monde : un gros mâle ne veut pas se laisser faire, et les intimidations se soldent parfois par des prises des becs. Un autre mâle, opportuniste, profite de ces moments d’inattention pour aller embêter les femelles dans leur coquille… Jusqu’à ce que les hommes reviennent à la maison, et rejettent d’un coup de dent le jeune coq !
Ce feuilleton dure quelques mois, jusqu’à ce qu’un plan d’occupation des sols soit décidé par les 3 mâles à force de parades et combats…
A ce propos, une chose étonnante, les mâles en parade pour la défense du territoire adopte une robe qui est la même que celle arborée en état de stress. Idem après une ponte !
En parlant de pontes justement, elles ne se font pas attendre. Moins de 3 mois après, je découvre sur le territoire du couple n°1 (celui du mâle dominant) quelques virgules sautillantes. 1 mois plus tard, c’est au tour du couple 2 de frayer. Les 2 couples ont pris soin de leur progéniture pendant quelques jours, reléguant tous les éventuels prédateurs aux limites du territoire.
Remarquez que les premières pontes se sont déroulées alors que la lumière était largement réduite, l’entretien plus espacé (notamment les changements d’eau), et la nourriture absente les jours précédents.
Depuis, le feuilleton continue, assorti de ses bagarres toujours sans conséquences en limite de territoire, les pontes se succédant (toujours pendant les périodes où je dois “négliger” les écailles, bizarre non ?), mais chaque jour est différent des autres…
Remerciements:
-Delores Schehr, pour m’avoir autorisé à utiliser ses photographies. Eric Genevelle pour son aide permanente, Ad Konings qui me permet d’utiliser ses photographies pour illustrer mes articles. Jean Marie Londiveau pour tout, et Eric Zeitoun pour le reste.
Références, documents:
-Ad Konings/ »Les CICHLIDES du TANGANYIKA dans leur milieu naturel ».
-M. Poll : exploration hydrobiologique du lac Tanganika (1946-1947)Vol. III, fasc. 5 B. / poissons cichlidae / institut royal des sciences naturelles de Belgique / Bruxelles 1956.
-Aqualex.
Rob Kirkelie.