‘Lamprologus’ sp. aff. speciosus

‘Lamprologus’ sp. aff. speciosus

‘Lamprologus’ sp. aff. speciosus

Büscher, 1991

Expérience aquariophile

Auteur: Jean-Luc Ravard (AFC 681/67)

Ndlr: nom de l’espèce à prendre avec précaution, car celle qui apparaît sur les photos ne correspond vraisemblablement pas au vrai ‘L’. speciosus. Néanmoins, l’article peut être pris en compte pour la maintenance de ce cichlidé, les membres du complexe “ocellatus” ayant tous un comportement à peu près similaire.

Description:

Le corps est allongé et présente une robe de couleur brune ; celle-ci est ponctuée de quelques taches bleues iridescentes ; de grosses taches noires apparaissent sur le corps des femelles lorsque celles-ci sont excitées, stressées ou en période de protection des alevins. Une tache noire est présente à l’arrière des opercules. Les nageoires dorsale, caudale et annale sont ponctuées de légers points blancs et bordées d’une bande noire. Les pelviennes sont uniformément brunes. Un fin liseré bleu est présent au haut de la bouche.

Des petites dents bien acérées sont visibles sur les deux mâchoires.

Taille:

5 à 6cm pour le mâle, 3 à 4 cm pour la femelle.


Dénomination:

Ce poisson fait partie de la grande famille des cichlidés. Il a été découvert par Heinz Büscher en 1991 à deux endroits différents du lac Tanganyika :

a) La forme 1 a été découverte à 65 km au sud de Moba à Kalubamba ( République Démocratique du Congo).

b) La forme 2 ( naine) a été découverte à 20 km au sud de Kapamba à Kasenga ( République Démocratique du Congo ).

Origine:

Heinz Büscher nous apprend que la forme 1 vit sur une plage de sable fin à une profondeur variant de 8 à 20 mètres ; des coquilles de Neothauma éparpillées sont présentes dans ce biotope et séparées les unes des autres de 5 mètres ; l’espèce décrite y vit en sympatrie avec ‘Lamprologus’ brevis et ‘Lamprologus’ stappersi, chaque espèce vivant toutefois à des profondeurs différentes.

Lavigeria.Il a trouvé la forme 2 ( naine ) entre 10 et 20 mètres dans un biotope constitué de sable très grossier et parsemé de petits rochers. Le sable fin est absent de même que les Neothauma qui sont remplacés par des Lavigeria ; ce gastéropode, plus petit, sert d’abris à l’espèce précitée.

Il a constaté que le poisson s’adapte à la taille des coquilles présentes dans la biotope d’origine.

 

Maintenance:

L’idéal pour débuter avec cette espèce est de posséder 6 exemplaires et de les laisser grandir tous ensemble ; il y a de fortes chances d’être possesseur d’individus des deux sexes. Un aquarium de 150 litres minimum, décoré de sable très fin en avant plan et de quelques roches à trous pour la partie arrière fera l’affaire. Pour le bien-être de ces poissons, on utilise des coquilles d’escargot (bourgogne, Neothauma, bulots, gros ampullaires) que l’on disperse sur le sable fin. C’est une véritable espèce “conchylicole” qui enterre presque complètement la coquille choisie. On peut également disposer quelques plantes robustes (Anubia, Crinum, Cryptocoryne, Vallisneria), les Anubia pouvant être piquées dans les trous des rochers.

Il est conseillé de ne pas planter trop prés des coquilles sous peine de voir flotter quelques pieds à la surface. Un tiers de l’eau de l’aquarium est changé tous les 15 jours en y ajoutant si besoin un neutraliseur liquide de chlore. Le bac est bien filtré grâce à une cuve de décantation et le brassage de l’eau se fait en surface. Le PH est maintenu le plus près possible de 8 et la température entre 22° et 26°. Lorsqu’on est obligé de faire du jardinage dans l’aquarium ou qu’on utilise une canne d’aspiration pour retirer les excréments ou autres débris, il arrive que ce poisson se serve de ces dents et vous rappelle à l’ordre ( les pincements sont assez douloureux).

Nourriture:

Artémias, cyclops, daphnies, enchytrées, petits granulés à base de caroténoïde, spiruline broyat maison et poudres du commerce, ces dernières étant données avec parcimonie.

Reproduction:

Les mâles sont très territoriaux et sont capables de défendre efficacement leur territoire après avoir pris possession d’une coquille d’escargot et l’avoir partiellement enterrée. Le mâle est polygame et peut se reproduire simultanément avec plusieurs femelles gravides. Il défendra son territoire ainsi agrandi contre les intrus , les femelles restant presque exclusivement à proximité immédiate de leurs coquilles respectives .

La femelle prête à pondre dépose quelques œufs à chaque passage sur la paroi interne de la coquille à 2-3 cm de l’entrée de celle-ci. Le mâle s’incline légèrement sur le côté à l’extérieur de la coquille dans une position disgracieuse et raide et émet sa laitance ; celle-ci est aspirée vers les œufs par le mouvement de ventilation de la queue de la femelle ; la procédure entière est répétée plusieurs fois, celle-ci pouvant être interrompue par le mâle qui chasse un rival.

Seule la femelle s’occupe de la ponte et ventile les œufs régulièrement ; les petits escargots tels Melanoïdes et planorbes sont pris en bouche et recrachés du territoire de ponte. Après 8 jours , les premiers alevins pointent leur nez prés de la sortie de la coquille, des pontes de 50 à 70 alevins étant fréquentes.

La coquille est prélevée de l’aquarium à ce stade et les alevins sont gavés de nauplius d’artémia et de microvers. Il a été constaté dans le territoire de ponte jusqu’à 3 tailles différentes d’alevins issus de plusieurs frais, ces alevins pouvant également être répartis dans différentes coquilles proches les une des autres et présentes sur le cite de ponte de la femelle. Les pertes d’alevins sont très nombreuses en bac communautaire (prédation des autres locataires), les petits s’éloignant irrémédiablement de la coquille maternelle.

 

Observation:

Je possède actuellement un petit groupe de 5 individus (1 mâle, 4 femelles) dans un aquarium de 490 litres ; ces poissons sont maintenus en compagnie de 2 Altolamprologus compressiceps, 12 Cyprichromis sp. Jumbo “tricolor” et de 3 Spathodus erythrodon. Le mâle mesure 5cm et règne en maître absolu .

Il y a quelques mois, il a d’ailleurs perdu l’œil gauche sans pour autant perdre sa fécondité ni son appétit. Lors d’une ponte simultanée de 2 femelles, j’ai constaté qu’elles avaient changé de côté, chacune gardant les alevins de l’autre.

Si vous pouvez vous procurer ce poisson, n’hésitez pas car il a vraiment du caractère…

 

Photographies de l’auteur.

 

 

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