Tropheus moorii “Murago”
Tropheus sp. maculatus “Murago”
Genevelle / Konings (décembre 1998)
Répartition géographique
Ce petit article résulte d’une discussion avec Ad. Konings à propos de cette variété qui est appelée invariablement Murago ou Zongwe. Murago ne correspondant à aucune ville ou lieu sur le lac Tanganyika, je voulais en savoir plus sur ce poisson (et je n’étais pas le seul à en croire les questions que je reçois par email).
L’état de mes connaissances était alors le suivant: Dans le livre Tanganyika Cichlids (1988), il était alors indiqué que le Murago a été découvert avant 1987 par Pierre Brichard sur la côte du Congo (Zaïre) mais que sa localisation exacte est inconnue. Le moorii de Zongwe (découvert par Dieckhoff en 1987) est plus coloré que le Murago qui lui, vit dans une très petite zone.
Il semblait donc y avoir plusieurs poissons circulant sous la dénomination de Murago sp. maculatus. Pour en savoir plus, contact fut pris avec Ad. Konings qui avec sa gentillesse habituelle, me livra les informations suivantes… Je lui donne donc la parole.
C’est une question intéressante pour laquelle je n’ai pas toutes les réponses.
Le Tropheus sp. maculatus Murago trouvé et reproduit en captivité par Pierre Brichard est probablement issu d’une zone située au nord de Zongwe. On doit cependant noter que les spécimens reproduits en captivité diffèrent souvent des individus sauvages et qu’il est ainsi souvent délicat de déterminer avec certitude l’origine d’un poisson.
Comme tu le suggérais, les poissons de cette zone sont très ressemblants et il est difficile de les distinguer. Sa zone de répartition semble vaste puisque l’ai pu trouver cette race de poisson très au nord, à Kanoni.
Lusingu, est l’endroit exact où les plongeurs d’Alain Gillot ont collectés le Tropheus sp. maculatus Murago (également connu sous le nom de Murago jaune), Cette ville est située entre Kanoni et Zongwe. Le poisson présent dans le Cichlid Year Book (voir photo en haut de l’article) a été collecté par l’équipe d’Alain Gillot et est très probablement issu de cette zone.
Quand on regarde les inscriptions sur la tête dans les populations de Kanoni, Lusingu et Tembwe II, on s’aperçoit que les taches sont très petites et nombreuses sur la tête des spécimens de Tembwe II (alors que les autres races présentent des tâches plus larges).
Le Tropheus moorii issu de Mwerazi (absent de la carte et situé au sud de Zongwe) possède également des petites taches sur la tête et Zongwe se trouve entre ces deux endroits (Tembwe II et Mwerazi)
Je n’ai pas plongé à Zongwe (zone sablonneuse) mais je serais tenté de penser que n’importe quel moorii de cette zone aurait les taches minuscules sur la tête, contrairement au ” Murago “. Le Murago, je pense, viens de la région de Lusingu, où les taches sur la tête sont plus grandes. Une variation locale peut avoir provoqué Murago ” jaune ” (Lusingu) ou Murago ” bleu ” (Mwerazi), mais je répète que ces variétés géographiques sont très semblables.
Complément d’info suite à la réponse d’Ad. Konings
Philippe Burnel et moi même nous sommes penché sur le sujet et observé différents clichés de cette race de poisson (Aqualex et Cie). Nous avons ainsi remarqué que dès que nous descendons au sud de Zongwe, nottament vers Mwerazi, les points sont de plus en plus petit (un peu comme les races de moorii issues de Zambie comme à Chaitika) et des chevrons apparaissent sur la tête du poisson (comme les moorii du sud Tanzanie). Mwerazi semble être la ligne frontière entre ces deux formes de moorii, avec juste à côté de cette ville, la forme de Kapampa qui présente à la fois les chevrons et quelques points sur la tête.
Note complémentaire (par Heinz Büscher)
Concernant le Tropheus sp. maculatus Murago, Brichard a collecté les premiers spécimens à la fin d’une expédition de collecte de 10 jours dans la partie Sud du Congo en juin 1984. Bien que cette zone ne soit pas bien connue, je sais que ce n’est pas un endroit propice aux Tropheus (zones sablonneuse). malheureusement, je n’ai jamais pu plonger à cet endroit pour confirmer les informations orales que l’on m’a transmise.
Comme tu le précise, il n’y a pas de village appelé Murago sur la côte ouest du Lac. Cependant, 2 petites rivières près de Bujumbura (station de Brichard) portent ce nom et il existe aussi un village appellé Murago au Burundi, mais qui est situé à 40 km à l’intérieur des côtes. De plus, “murago” en suhaili ? (langue locale) signifie “une natte” ou “paillasson”. C’est peut être les marques et motifs sur la tête des poissons (en rapport avec les motifs de certaines nattes locales) qui ont inspiré Pierre Brichard. Autre hypothèse, le ruisseau Murago approvisionne en eau les bassins de reproduction de l’installation de Brichard. Quoi qu’il en soit, la réponse est à Bujumbura.
Note complémentaire (Eric Genevelle) Avril 99
R. Anderson m’a présenté dernièrement ces deux photos. Il est clair que c’est un Murago. Mais d’où ??? Après avoir consulté divers avis (Mireille Schreyen, Liliane Moeremans), nous ne sommes pas tous tombés d’accord.
Certains pensent à Mwerazi (Murago Bleu), mais notre poisson de présente pas de tâche sur les flancs, les poins sur la tête sont de grosse taille et les chevrons sur la tête ne sont pas visibles(comme sur le Mwerazi ou le Kapampa).
La difficulté vient certainement du fait que le spécimen est encore un sub-adulte et n’a pas encore montré sa pleine coloration. Comme les points blancs sont de belle taille, Mireille et moi même penchons plus vers une race située plus au nord.
Le livre d’Ad Konings “Tanganyika Cichlids in their natural habitat” montre en page 56 une photo qui se rapproche de notre poisson, amis avec des points plus petits. Il y est indiqué provenir de Tembwe II. Sous confirmation, notre amis serait encore au nord de cette bourgade, vers Lusingu ou Kanoni.
Tropheus sp. maculatus murago du nord Tembwe II ??? Photos R. Anderson |
Note complémentaire (Eric Genevelle) Mai 99
Où donc a été pêché le Murago pour la première fois ? De nouvelles hypothèses ??? Et bien non.
La vérité. Elle vient de la bouche de Mireille Screyen (la fille de P. brichard pour ceux qui ne le savent pas). Elle met fin aux polémiques en nous avouant avec gentillesse que le premier Murago a été collecté sur la côte en face de Moba. Donc bien plus au nord qu’on ne le pensait, et que son nom vient du village de Murago, situé à environ à 20 km du lac au Burundi.
NDLR: Un autre “Murago” a été découvert depuis en Tanzanie.