Altolamprologus sp. compressiceps “shell”

Expérience aquariophile
Auteur: Estelle
Description:
Altolamprologus sp. compressiceps “shell” n’est pas encore une espèce décrite mais elle est largement répandue chez les aquariophiles. Le corps est haut et comprimé latéralement, caractéristique du genre Altolamprologus. De couleur grise, il comporte des barres plus ou moins marquées selon l’humeur du poisson.
La variété la plus importée dans les années 90 provenait de Sumbu, c’est pourquoi on trouve encore souvent ce poisson sous l’appellation “Sumbu shell”. Pourtant, il a été ensuite découvert dans d’autres localités et importé sans précisions sur sa provenance, ce qui explique qu’on trouve aujourd’hui différentes livrées et des poissons qui visiblement ne sont pas de la même variété géographique. Si on rajoute à cela les croisements de souches qui ont été faits par les aquariophiles… Bref, il est difficile de s’y retrouver, et encore plus de connaître l’origine de nos poissons quand on en fait l’acquisition. Le couple que je possède ne provient visiblement pas d’une souche de Sumbu. Vue la livrée, il se rapproche plus de la variété de Mbity. Mais malgré tout ce que je viens d’énoncer, je ne retire pas moins beaucoup de plaisir à l’observer… Le nom de genre Altolamprologus vient du latin altus = haut, élevé et lampas = flambeau, éclat, le nom d’espèce compressiceps faisant référence à la forme du corps, du latin compressus = serré, comprimé. |
Expérience de maintenance et comportement:
J’ai acquis deux jeunes spécimens dans une bourse, il faut dire que j’adore le genre Altolamprologus et que ces petites “miniatures” qui ressemblent fort à leurs aînés m’ont beaucoup plu. J’ai remarqué que cette espèce laisse souvent certains cichlidophiles indifférents, et on lit souvent à son propos qu’elle est terne, grise et sans attraits. Peut-être est-ce pour se démarquer des nombreux cichlidophiles qui se sont rués sur ce poisson quand il est arrivé sur le marché? Toujours est-il que je m’intéressais à ces deux spécimens lors de la bourse… Ils étaient les deux seuls de leur espèce, et le vendeur m’avoua ne pas être encore en mesure de les “sexer”. Mais mon instinct me disait que c’était un couple, et je les emportai. La femelle a fini par s’approprier une coquille de Neothauma, alors que le mâle avait fort à faire pour se créer un territoire dans les rochers face aux deux jeunes Chalinochromis brichardi avec qui ils cohabitaient. J’ai assisté à de nombreux combats, par chance les Chalinochromis n’ayant pas formé de couple, étaient occupés aussi à se chamailler entre eux. Le mâle a donc établi son territoire non loin du domaine de la femelle, et pouvait être observé aussi bien dans les rochers que près de la coquille de sa compagne. Il partageait cette zone de rochers avec la femelle Chalinochromis qui, dominée par le mâle, était pourchassée et reléguée dans ce coin du bac. Cette cohabitation ne se passait pas sans heurts vue la taille réduite du bac, heureusement elle fut sans dommages pour l’un ou pour l’autre et seulement temporaire. J’ai par la suite remplacé le couple de Chalinochromis par un couple de Xenotilapia flavipinnis, et le calme est revenu dans le bac. Cette cohabitation est très concluante, chaque couple gardant son territoire sans violence. Il y a pourtant beaucoup d’interaction entre les deux espèces: des parades d’intimidation bien sûr, mais aussi une chose étonnante à observer. Les Altolamprologus accompagnent de temps en temps les Xenotilapia lorsque ceux-ci filtrent et soulèvent le sable, et ils récupèrent eux aussi de petites particules de nourriture. |
En conclusion, cet Altolamprologus miniature est une espèce intéressante à observer et convenant à de petits bacs, elle est donc idéale pour les débutants ( mais pas seulement! ) Son originalité réside dans la différence de comportement des membres du couple, avec le mâle pétricole et la femelle conchylicole. Attention néanmoins aux colocataires, la cohabitation avec une espèce pétricole ou conchylicole dans un trop petit volume peut être une source de stress pour ce cichlidé qui aime la tranquillité. |
Référence:
Découvertes au Tanganyika. Eric Genevelle. L’An Cichlidé. AFC. Vol 1.
Merci à Sébastien Bailleul pour ses photos.