20 Cichlidés prédateurs piscivores du Lac Tanganyika
Le lac Tanganyika, représente un modèle idéal pour l’étude des processus évolutifs et écologiques dans un contexte de spéciation adaptative des cichlidés prédateurs piscivores. En tant que système ancien et stratifié (~12 Millions d’années), il abrite une faune aquatique d’une biodiversité exceptionnelle, notamment une grande diversité de cichlidés prédateurs piscivores.
Ces espèces présentent des adaptations morphologiques, comportementales et écologiques complexes, qui en font des modèles d’étude pour les dynamiques trophiques et la structuration des communautés aquatiques. Voici une analyse de la biologie évolutive du lac.
1. Boulengerochromis
Le Boulengerochromis microlepis est le plus grand cichlidé du lac Tanganyika, atteignant jusqu’à 90 cm de longueur. Son rôle trophique se situe au sommet de la chaîne alimentaire, en tant que cichlidé piscivore actif de pleine eau. Ce prédateur montre une stratégie de reproduction avancée, où les deux parents assurent une garde intensive des œufs et des larves, augmentant la survie de la progéniture dans un environnement compétitif.
2. Lepidiolamprologus
Le genre Lepidiolamprologus englobe des prédateurs embusqués aux spécialisations écologiques variées. Ces espèces se distinguent par leur capacité à exploiter une grande diversité de niches, allant des substrats rocheux aux zones profondes :
- Lepidiolamprologus elongatus : Adapté à la capture de grandes proies, notamment d’autres cichlidés, grâce à une morphologie hydrodynamique optimisée.
- Lepidiolamprologus profundicola : Spécialiste des eaux profondes, il est un prédateur clé des habitats bentho-pélagiques.
- Lepidiolamprologus attenuatus : Opportuniste, il combine embuscade et chasse active dans les habitats rocheux.
- Lepidiolamprologus boulengeri et L. hecqui : Ces espèces exploitent les coquilles vides comme abris pour chasser de petites proies benthiques.
- Lepidiolamprologus cunningtoni : Avec le L. profundicola c’est le plus grand des Lepidiolamprologus, il se trouve souvent aux abords des rassemblement de Cyprichromis, ainsi que nageant au dessus des lits de coquilles, prêt à fondre sur les imprudents et s’en repaitre.
- Lepidiolamprologus sp. « south east » : Espèce énigmatique présentant des comportements prédateurs piscivores atypiques, s’attaquant surtout aux alevins des autres habitants des lits de coquilles.
- Lepidiolamprologus meeli : Adapté à des niches structurées, ce prédateur optimise son efficacité grâce à des stratégies combinées d’embuscade et de dissimulation.
- Lepidiolamprologus kendalli : Sa robe sombre maculée de taches nacrées, est parfaite pour la chasse en profondeur, il rencontre sous les 30 m. de profondeur, croisant à peu de distance des roches, cherchant ses proie composées surtout de jeunes poissons.
3. Altolamprologus
Les espèces du genre Altolamprologus se caractérisent par leur morphologie adaptée à la capture de proies dissimulées dans les substrats rocheux :
- Altolamprologus calvus : Son corps latéralement comprimé permet une insertion dans les fissures pour traquer des invertébrés.
- Altolamprologus compressiceps : Doté de mandibules puissantes, il capture efficacement poissons et invertébrés.
- Altolamprologus sp. « shell » : Adapté aux habitats de coquilles, il montre une stratégie alimentaire spécialisée sur les micro-prédateurs piscivores.
4. Cyphotilapia
Les Cyphotilapia, grégaires et de grande taille, occupent une position trophique intermédiaire en tant que chasseurs de poissons benthiques et pélagiques.
- Cyphotilapia frontosa : Actif dans les eaux profondes, ce prédateur agit en groupe pour maximiser ses prises.
- Cyphotilapia gibberosa : Morphologiquement proche de C. frontosa, il présente des spécificités écologiques liées à des différences bathymétriques.
5. Hemibates
Le genre Hemibates inclut des espèces pélagiques adaptées aux zones intermédiaires et profondes du lac :
- Hemibates stenosoma : Ce prédateur rapide et grégaire se nourrit principalement de poissons en mouvement.
- Hemibates koningsi : Espèce récemment découverte, elle constitue un sujet d’étude prometteur pour explorer les interactions trophiques en eaux profondes.
6. Bathybates
Le genre Bathybates regroupe des prédateurs piscivores pélagiques aux adaptations remarquables pour la chasse en eaux profondes :
- Bathybates fasciatus : Spécialiste des bancs de poissons, il est identifiable à ses rayures distinctes.
- Bathybates leo : Plus robuste que ses congénères, il affiche une efficacité trophique élevée.
- Bathybates minor : Le plus petit du genre, mais présentant une grande efficacité dans des niches bathypélagiques.
- Bathybates vittatus : Stratège collectif, il préfère les zones intermédiaires pour maximiser le succès de chasse.
Conclusion
Les cichlidés prédateurs du lac Tanganyika illustrent un cas exemplaire de radiation adaptative dans un environnement aquatique stratifié. Leur étude approfondie permet de mieux comprendre les dynamiques trophiques, les processus de spéciation et les interactions écologiques complexes qui structurent cet écosystème unique. Ces recherches contribuent à éclairer les stratégies de conservation nécessaires à la préservation de cette biodiversité remarquable.
Aquarium
Bien sur il faut également conserver à l’esprit que plusieurs de ces espèces ne sont pas adaptées à la maintenance dans des aquariums « classiques ». J’en veux pour exemple le couple de Boulengerochromis maintenu dans un aquarium de 8000 litres, qui me semble le minimum adapté pour une espèce aussi grande à l’âge adulte. (un topic est consacré à cet aquarium de 8000 litres sur Cichlids Forum)