Altolamprologus calvus (Poll 1978)

Altolamprologus calvus (Poll 1978)

Sous Lamprologus calvus

(Pisces, cichlidae, lamprologini)

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Décrit tardivement, (Poll  1986), le genre Altolamprologus comprend deux espèces, qui sont: A. calvus (1978) et A. compressiceps (Boulenger 1898) décrit sous Lamprologus compressiceps.   Des dimorphismes sont notables entre les deux espèces d’Altolamprologus; l’une donne son nom au calvus (de calveo = chauve), en effet l’écaillage de ce poisson s’arrête au dessus des ouïes, par rapport à compressiceps, qui lui voit ses écailles aller jusqu’à l’axe postérieur des globes oculaires.

Les pelviennes sont plus courtes chez compressiceps, chez calvus les rayons mous internes sont plus longs, ainsi que les derniers rayons de la dorsale et de l’anale. La compression latérale du corps est également remarquable, et est une adaptation permettant à Altolamprologus de pénétrer dans les failles et crevasses entre les blocs de roches, à la recherche de nourriture.

 

   La forme générale de la tête possède aussi des différences notables, la plus marquée étant l’angle des maxillaires, qui pourrait être le résultat d’une évolution plus aboutie vers l’attaque horizontale chez calvus.

L’attaque se produit en effet plus verticalement chez compressiceps (du bas vers le haut serait le plus pratique avec un tel angle), mais l’expression maxillaire est véritablement profonde chez l’un et chez l’autre (dans une moindre mesure ils peuvent être comparés aux  Petenia), provoquant un afflux d’eau lors de sa projection vers une proie, et ainsi une aspiration violente qui entraîne l’élément nutritionnel vers les dents pharyngiennes.

 

Un calvus en chasse, est assez captivant à voir et cela sera décrit dans l’article ci-dessous.

   Enfin, l’allure générale est mieux proportionnée chez calvus que chez compressiceps (esthétiquement et subjectivement parlant).

Répartition de A. calvus

Altolamprologus calvus a une aire de répartition située dans le Sud-ouest du lac Tanganyika, entre Tembwe II en République démocratique du Congo, et Cape  Chaitika en Zambie.

Au moins trois variétés géographiques sont connues; la forme noire (“black”) qui est récoltée dans la région de Tembwe II à Kachese, la forme jaune (“gold”) présente dans la région de Nkamba Bay à Chilanga, et la forme blanche (“white”), trouvée dans les environs de Cape Chaitika jusqu’à Mpulungu.

Répartition de l'espéce Altolamprologus calvus, sud du lac Tanganyika.

-*Aires de répartition des Altolamprologus calvus

 

Expérience aquariophile

 

– Le comportement observé en aquarium de A. calvus “gold” (Nkamba bay), à partir de 3 spécimens sauvages (1 mâle, 2 femelles).

Introduction:

   Pondeur sur substrat caché.

   L’acclimatation de spécimens sauvages est un peu longue, au moins trois semaines sont nécessaires pour venir à bout du stress et de la “timidité”, le passage du lac au bac étant évidemment difficile.

Altolamprologus calvus "Nkamba baie" | mâle mature | cichlidé chauve |

 

Description:

     

Femelle Altolamprologus calvus (gold, Nkamba bay).

 

 

Mâle plus grand, jusqu’à 13 -14 cm et femelle jusqu’à 9 -10cm en aquarium, rayons mous des nageoires pelviennes, anale et dorsale, nettement plus développés chez le mâle.

 

Maintenance:

   Après avoir vaincu sa timidité, le mâle établit son domaine. Une préférence pour les cavernes ombreuses, où la possibilité de retraite lui est offerte et où voir sans être vu est sa défense principale. Le volume du bac doit être en relation avec l’établissement des territoires, aussi bien des femelles que du mâle, celui-ci étant plutôt virulent avant le premier accouplement. Les femelles ont dû en être séparées, et introduites lorsqu’elles furent gravides, car il n’acceptait aucun(e) congénère dans sa proximité. Ses manières sont tellement violentes qu’il aurait pu tuer l’autre, que j’ai cru être un mâle, au début !. Maintenus dans un bac de 200 litres au départ, un transfert vers un bac de 450 l s’avéra nécessaire. Par la suite quelques petites anicroches eurent lieu entre les deux femelles, arbitrées par le “pacha”, chacune retournant dans son coin après les démonstrations de force, où parfois les dents raclent les flancs. Une dominante se dégagea  rapidement, qui était la moins bonne mère. La femelle dominée ne donna pas moins de trois cents alevins à sa première ponte! Ce qui est, aux dires de certains, un record !

   Les relations s’appuient sur le changement des patrons de coloration.

    La neutralité s’exprime par une robe qui peut être qualifiée de normale: les barres verticales brunes et bien marquées, sans trop de contraste avec le reste du corps, la coloration tendant donc vers un “brun-or”.

    La dominance se traduit par un masque noir envahissant la face,
les barres foncent et le reste du corps passe du “brun-or” au brun foncé.

   Le dominé devient pâle, brun-rose et les barres disparaissent quasi totalement! S ‘il reste dans son “antre”, il vire au brun-noir. Lors de l’excitation sexuelle, les contrastes augmentent et les barres ressortent plus, la femelle reprenant le masque noir.

Le langage corporel.

      L’approche d’un dominant vers un dominé est aussi codifiée et cette codification est nécessaire pour éviter les conflits violents et dangereux. Systématiquement, le dominé offre son  flanc et incurve le corps, présentant son “bouclier” écailleux prêt à recevoir l’attaque qui dépasse rarement le raclement de dents, et il replie ses nageoires le long du corps. Sur les frontières territoriales (des femelles), on peut voir des parades d’intimidation où les protagonistes se tournent autour puis regagnent leur “caverne”; dans ces cas là c’est la robe noire qui est mise en évidence. Pour la reproduction voir le paragraphe: La reproduction“.

   Une fois habitué à son nouvel environnement, le côté farouche de A. calvus diminue et l’approche d’un bipède n’est un danger que le temps qu’il se pose, avec ses gros yeux.

   De gros blocs de pierres disposés de manière à lui fournir des anfractuosités sont bénéfiques pour qu’il soit à son aise et tranquille, et si une plage de sable se trouve devant, c’est encore mieux et elle devient son site de démonstration. Sa présence en avant du bac en impose par son port, et ses lignes élancées. Ses relations interspécifiques sont excellentes et aucun conflit de quelque nature que ce soit  n’a été observé (sauf pour les jeunes).

Le nourrissage:

   Toutes les nourritures sont acceptées, vivantes, congelées, paillettes, les trop petites particules sont ignorées.

   Les alevins traînant dans le coin risquent fort de finir dans l’estomac de ce prédateur spécialisé dans la chasse, qui se passe comme suit: (observation faite en aquarium)

   Tout d’abord, la posture caractéristique: il est possible de la considérer comme un “affût” à découvert,  la technique en est très singulière, il s’agit d’une oscillation longitudinale du corps (de haut en bas) l’axe de ce mouvement étant l’œil qui reste d’une fixité absolue. L’axe d’attaque étant établi, le corps se fixe, se tord en S ou en ? , le point étant la tête, et c’est l’attaque en flèche (en général pas plus de dix centimètres de la cible)…GLOUPS!

   L’attaque ne réussit pas toujours bien sûr, mais l’explosivité en est remarquable. De la même manière, après les distributions de nourriture, le même manège peut être observé ,et à voir l’animal, on peut supposer qu’il cherche à “capter” quelque chose, et que des “capteurs sensoriels” sont présents à l’extrémité des mâchoires. A l’observation, il semble possible qu’il “sente”derrière une pierre, car en aveugle il peut suivre les déplacements de sa “proie” potentielle se trouvant derrière une feuille de schiste (observation faite en aquarium et également chez N. savoryi) ! Passant au dessus du substrat il s’arrête et oscille, se  fixe une seconde et va happer un élément entre des coquilles ou des pierres. Le compressiceps peut attaquer en suivant la paroi d’un rocher, finissant par être à l’envers et attaquant un alevin (par exemple) replié sous le bloc.

Un problème inopiné a failli tuer ces sublimes lamprologiens !

  Une mise en garde s’impose contre certaines médications.

    À la suite d’une infection des poissons du bac (parasitaire des branchies), l’utilisation de “GYROTOX©” (le composant actif de ce médicament est le:Tosylchloramide-sodium 3H2O) a certainement provoqué des lésions branchiales, et cela très rapidement. Les A. calvus se mirent à respirer profondément, la “surventilation” étant due certainement à une agression des muqueuses branchiales, empêchant les échanges entre l’eau et le sang. Une des trois femelles, récemment introduite dans le bac, n’a pas supporté le traitement et en est morte, les autres ont survécu grâce à un changement de la moitié de l’eau le soir même avec forte dose de produit anti-chlore contenant des protecteurs pour les muqueuses, et encore le quart le lendemain matin.

( plus filtration par charbon actif !).

   Les autres espèces (dont d’autres lamprologiens) présentes dans cet aquarium n’eurent absolument aucun embarras en relation avec cette thérapie médicamenteuse !

   La convalescence a duré pas moins de quinze jours, les poissons étant très mal en point !

Par Ad Konings

   S’il est maintenu dans de bonnes conditions, Altolamprologus calvus vous éblouira par la majesté de son allure et par son comportement. Les rapports entre mâles me sont inconnus mais il est à supposer que leur violence peut se déchaîner pour l’accessit territorial !

   Un risque contre lequel il n’y a pas de prévention réelle, est la luxation (?) du maxillaire supérieur, cela se traduit par une proéminence de la bouche que le poisson atteint ne peut refermer. Il serait possible, si cela est fait rapidement de remettre le pédicelle maxillaire dans son logement, mais je n’ai pas encore entendu parler d’une réussite…

Luxation du maxillaire chez une femelle Altolamprologus calvus “Chaitika”.

 

Reproduction:

   En milieu naturel, la préférence des femelles se trouve être des crevasses entre les pierres où le mâle beaucoup plus gros ne peut accéder (d’après Eric Genevelle et ses observations dans le lac, ces crevasses atteignent les vingt centimètres de profondeur, peut-être plus ?).

   En cherchant un peu dans la nature ou dans une jardinerie, il est possible de trouver la bonne pierre avec la bonne cavité satisfaisant aux besoins de la ponte.

Le langage corporel.

   La danse du frai pour le mâle, c’est le “jerk”, une danse similaire (mais à une autre échelle) à celle, par exemple, de Telmatochromis brichardi, des virevoltes chaotiques et ultra rapides, où apparemment rien n’est contrôlé et où les chocs avec les roches sont évités on se demande comment.

 


Femelle avec ses œufs dans une coquille de gastéropode marin.

   La femelle regarde ça effarée, tout en faisant vibrer son corps, parfois c’est sa tête qui, dans un mouvement singulier de fortes oscillations latérales, calme le jeu (il est possible que les ondes provoquées par ces mouvements du tronçon céphalique soient un signal pour la préparation à l’accouplement, et particulières aux femelles car jusqu’à présent le mâle n’a jamais utilisé ce “mot”).

   Il est assez difficile de reconstituer des crevasses adéquates, et des coquilles de gastéropodes marins sont acceptées. Avec une ouverture suffisante pour que la  femelle entre, mais pas le mâle, une spirale large et une coquille plutôt aplatie (moins que les planorbes, et de huit à dix centimètres de Ø).

Les alevins.

   La moyenne du nombre d’œufs pour une ponte varie entre trente et cinquante unités. Leur couleur est un crème tirant très légèrement vers le vert, les alevins éclosent au bout d’une semaine, et résorbent le vitellus en deux semaines, ou un peu plus. Ils peuvent être nourris de micro vers et d’artémias fraîchement écloses, les poudres étant refusées les premiers jours, attention donc.

    Dans le bac sont présentes trois Mastacembelus ellipsifer, qui sont ovovores. Une seule femelle a trouvé la parade à leurs agressions nocturnes ,au départ elle pondait dans l’intérieur de la spirale mais après trois pontes dévorées par les “Mastas”, elle finit par pondre sur l’extérieur de la spirale. Cela lui permettait ainsi de faire écran de son corps face à ces prédateurs, la présence d’œufs excitant leur appétit au point que chaque matin, la coquille était déplacée ici ou là dans le bac !

   La croissance est extrêmement lente et désespérante, la taille des alevins approche les trois centimètres à un an !

Références et documents :

R. Allgayer, E. Genevelle: Tanganyika cichlids/cartographie/Altolamprologus calvus,

A. Konings.

M. Poll : Institut Royal des sciences Naturelles de Belgique~Exploration hydrobiologique du Tanganyika (1946-1947) – volume III fascicule 5 B – poissons cichlidae (ed. 1956)


 

 

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